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Les prix des céréales évoluent peu

Concurrencés par les autres origines, les blés et orges françaises peinent à trouver des débouchés.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Les blés et les orges françaises restent en concurrence avec les autres origines et peinent à trouver des débouchés. Les prix du colza et des tourteaux de soja sont, quant à eux, sous la pression de l’avancée des récoltes sud-américaines.

Les blés français manquent de compétitivité

Sur une semaine, le blé rendu Rouen a maintenu son niveau à 213 €/t, tandis que le rendu La Pallice a enregistré une modeste hausse de 0,5 €/t, atteignant 213,5 €/t. Parallèlement, le Fob rendu Rouen n’a pas réagi à la hausse des cours outre-Atlantique, subissant même une légère baisse de 1 $/t, à 242 $/t. Cette variation est attribuable à la fluctuation de l’euro par rapport au dollar, renforçant légèrement la compétitivité à l’exportation du blé français.

Néanmoins, le blé français demeure moins compétitif que les origines de la mer Noire, qui ont connu des ajustements à la baisse cette semaine. Le blé russe, à 11,5 % de protéines, se positionne à 227,5 $/t Fob, en baisse de 5 $/t par rapport à la semaine précédente. Dans le même temps, le blé ukrainien a reculé de 5 $/t, pour se situer à 176 $/ CPT.

Malgré un programme de chargements en accélération ces dernières semaines en France, les expéditions françaises éprouvent toujours des difficultés à décoller durablement. La meilleure compétitivité des origines de la mer Noire continue d’exercer une forte concurrence sur les expéditions françaises. Cela est d’autant plus vrai que cette semaine a vu les conditions météorologiques s’améliorer en mer Noire, favorisant une reprise des exportations en provenance de la Russie. De la même manière, la dynamique des exportations ukrainiennes par le biais de son corridor maritime a concurrencé les exportations françaises. C’est le cas vers l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal et l’Espagne.

En outre, depuis le début du mois, la France n’a exporté que 287 107 tonnes de blé vers les pays tiers, représentant une diminution significative par rapport aux 684 652 tonnes enregistrées sur la même période l’an dernier. D’autres facteurs à ajouter sont les attaques des Houthis contre les navires en mer Rouge qui entravent le commerce entre l’Europe et l’Asie.

En Europe, et plus particulièrement en France, les regards sont tournés vers les manifestations des agriculteurs et les potentielles difficultés logistiques qu’elles pourraient engendrer.

L’orge reste sous la pression des autres origines

Le prix de l’orge fourragère française rendu Rouen a diminué légèrement au cours de la semaine et s’affiche désormais à 190 €/t. En dollars, l’orge s’affiche à 215,9 $/t Fob. Sur le marché intra-européen, les orges françaises ont du mal à se positionner face à la concurrence d’autres origines, notamment ukrainiennes et roumaines. À l’international, la situation est similaire, la concurrence notamment avec les orges australiennes vers la Chine, ainsi que les orges russes vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, conduit les exportations françaises vers les pays tiers à leur plus bas niveau depuis 2019-2020. S’ajoute également une demande d’orge morose et des disponibilités mondiales conséquentes en maïs qui tirent les prix français vers le bas.

La baisse marquée de 4 % des surfaces d’orge d’hiver estimée en France pour la récolte de 2024 n’est pas suffisante pour faire remonter les prix. En effet, les semis ont été freinés par les pluies constantes d’octobre et de novembre, ce qui pourrait avoir comme conséquence une augmentation des surfaces d’orge de printemps. Par ailleurs, les orges russes sont toujours très compétitives, à 192,50 $/t Fob Novorossiysk, malgré une hausse de prix sur une semaine et des exportations à un niveau relativement normal pour un mois de janvier. Les orges ukrainiennes sont stables et restent dépréciées à 161 $/t CPT Reni, et ce, malgré un corridor maritime qui fonctionne plutôt bien.

Dans le secteur brassicole, l’orge d’hiver Fob Creil recule de 2 €/t en une semaine, à 195 €/t, son niveau le plus bas depuis décembre 2020. L’orge brassicole de printemps Fob Creil, quant à elle, recule fortement à 278 €/t. Même si la prime entre les deux variétés a diminué, avec la hausse attendue des emblavements d’orge de printemps en France, l’écart de prix reste important sur la récolte de 2023. La prime d’orge brassicole de printemps devrait se maintenir à un niveau moins élevé pour la récolte de 2024 si les semis se déroulent correctement.

Peu de changements pour le tourteau de soja

Les cours mondiaux du tourteau de soja ont suivi une tendance légèrement baissière depuis la semaine dernière, entraînés par l’arrivée des nouvelles récoltes sud-américaines. Au 20 janvier, 4,7 % des surfaces étaient récoltées au Brésil, selon la CONAB, contre 2 % l’an dernier à la même date. Les bonnes perspectives climatiques des prochaines semaines, notamment au Mato Grosso et au Paraná, laissent présager de meilleures conditions de culture pour les sojas les plus tardifs. La récolte brésilienne reste toujours attendue élevée, malgré les températures extrêmes et le temps sec enregistrés en début de cycle de culture.

En Argentine, la Bourse de Buenos Aires a revu à la hausse ses prévisions de production de soja à un maximum d’environ 52,5 millions de tonnes. Cette progression fait suite aux très bonnes précipitations enregistrées ces dernières semaines dans les principaux bassins de production. Toutefois, si les pluies ne se poursuivent pas dans les prochaines semaines, la production pourrait être compromise, d’autant plus que des températures élevées sont attendues dans certaines régions.

Par ailleurs, en pleine crise porcine, la Chine a vu son cheptel porcin reculer de 4 % au début de janvier 2024. La demande en viande porcine reste atone, alors que la peste porcine africaine continue de sévir. Ces éléments ont de quoi limiter la demande en tourteaux de soja chez le principal consommateur mondial. En France, le tourteau de soja a progressé au début de la semaine, pour ensuite perdre de la hauteur à la fin de la semaine, entraîné par les prix mondiaux.

Légère baisse des cours du colza

Cette semaine, les prix européens du colza se sont repliés d’environ 10 €/t. Cette baisse est notamment due à la faiblesse des huiles de colza sur le marché européen, face à celle de palme. La lourdeur du marché des huiles, ainsi que le contexte macro-économique morose, continuent de peser sur les cours de l’huile de colza, engendrant par la même occasion une baisse des prix de la graine. Notons également l’incidence du soja sur les cours du colza. En effet, l’avancée des récoltes brésiliennes a entraîné les prix du soja brésilien à la baisse, et ce, malgré une forte baisse de la production toujours prévue.

Toutefois, la baisse des cours du colza en Europe reste limitée par les niveaux d’importation en retrait pour l’instant. Les flux en provenance de l’Australie sont en effet restreints en raison du manque de compétitivité de la graine australienne. De même, les risques existants en mer Rouge (récentes attaques de bateaux de marchandises via le canal du Suez) limitent également les flux. Si dans les prochains mois, les niveaux d’importations européennes depuis l’Australie ne s’accélèrent pas, le bilan européen de colza pourrait se tendre et ainsi entraîner les prix à la hausse.

À suivre : conditions météorologiques en Amérique du Sud (soja, maïs), en Europe (céréales d’hiver, colza), situation géopolitique en mer Noire, tensions en mer Rouge, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale, parité euro/dollar.

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