Marché de grains Les céréales repartent à la baisse, les tourteaux remontent légèrement
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Après une courte pause, les prix des céréales ont repris leur baisse entamée depuis plusieurs mois. Les stocks importants de blé et la demande timorée continuent de peser sur les prix. Les cours du colza baissent aussi, à cause de fortes disponibilités. Les prix du tourteau de soja reprennent quelques couleurs sous l’effet d’une reprise de la demande chinoise.
Bonnes conditions pour les blés français et baisse des prix
Cette semaine les prix français ont repris leur tendance baissière. À Rouen, le blé meunier de la récolte de 2022 a peu évolué, de +0,50 €/t, à 231,00 €/t, tandis qu’à La Pallice le recul a été marqué : –8,50 €/t, à 223,00 €/t. Pour 2023, les prix ont baissé de manière significative à Rouen, comme à La Pallice : respectivement de 7,50 €/t et 6,50 €/t, à 228,50 €/t et 231,50 €/t.
Sur Euronext, la tendance a été la même, dans des proportions équivalentes, sur l’échéance de septembre (232,00 €/t), comme sur celle de décembre (236,00 €/t). Les dernières notations des cultures de blés publiées par FranceAgriMer indiquaient qu’au 8 mai dernier, 94 % des blés étaient dans un état bon à excellent, soit une hausse d’un point sur une semaine. Ce pourcentage est le plus haut depuis 2011, à la faveur de pluies régulières sur les zones de production depuis le début du printemps.
Les prix mondiaux ont également évolué à la baisse au cours de la semaine. Le blé russe à 12,5 % de protéines a perdu 5 $/t, à 260 $/t, tandis que le blé ukrainien à 11,5 % a cédé 5 $/t, à 250 $/t. La baisse des prix correspond à un regain d’optimisme des opérateurs quant à la reconduction du corridor sécurisé des grains au départ de l’Ukraine.
Ce vendredi 12 mai 2023 au matin, le ministre turc de la Défense a déclaré qu’un nouvel accord était sur le point de se conclure. Ce ministre a par la suite été contredit par le Kremlin qui a déclaré en milieu de journée que rien n’était sûr, et qu’un appel entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ne serait pas de nature à influencer la Russie.
Euronext a réagi dans un sens, puis dans l’autre, à chacune de ces déclarations. Ce dimanche 14 mai aura lieu le premier tour des élections présidentielles en Turquie et l’actuel président ne part pas favori d’après les sondages. Ces annonces précipitées sur le corridor ne sont probablement pas étrangères au planning politique de la Turquie.
Le début prochain des récoltes de blé pèse également sur les cours
La semaine a également été rythmée par un achat de l’Algérie pour un volume évalué entre 660 000 tonnes et 720 000 tonnes. Les origines française et allemande sont apparues trop chères, et l’achat a été remporté par les origines russe, roumaine et bulgare. Le prix moyen évoqué par les traders oscille entre 242 et 245 $/t Fob, loin en dessous du prix plancher de 275 $/t souhaité par Moscou, il y a encore quelques semaines, pour soutenir les agriculteurs russes.
Les prix en Russie ne résistent pas à la pression exercée par les autres origines de la mer Noire (Roumanie, Bulgarie et même Pologne vers d’autres destinations). Pour chacun de ces pays, comme pour la Russie d’ailleurs, les stocks sont très élevés en cette fin de campagne, et l’approche de la nouvelle récolte pèse sur les prix, avec pour objectif de faire de la place avant le début des moissons.
Les prix mondiaux du maïs continuent de baisser
Les prix du maïs français ont continué leur baisse sur la semaine. Le prix du maïs Fob Rhin a perdu 3,5 €/t, à 228,5 €/t (base : juillet). Celui du maïs Fob Bordeaux a, quant à lui, perdu 3 €/t pour s’afficher à 229 €/t. Sur la scène internationale, les prix du maïs ont également évolué à la baisse, avec la perspective de l’arrivée prochaine de la récolte brésilienne. Selon la Conab, dans son dernier rapport de mai, la récolte atteindrait le niveau record de 125,5 millions de tonnes.
Une grande partie de la production brésilienne serait issue de la seconde récolte Safrinha attendue à partir de la fin de juin. Toutefois, le manque de capacités de stockage, ainsi que la compétition avec l’abondante offre de soja compliqueront la logistique du pays. En outre, la prime brésilienne, et plus largement sud-américaine, a fortement diminué sous le poids de la récolte, et ce, malgré la piteuse production argentine.
En ce qui concerne les États-Unis, les semis de la prochaine campagne de maïs progressent bien avec 49 % de la surface semée, contre 42 % en moyenne quinquennale. En outre, les récentes annulations de ventes vers la Chine et le ralentissement des exportations viennent davantage faire pression sur les prix des maïs américains.
En mer Noire, les négociations pour le renouvellement du corridor maritime sont toujours en cours, mais rien n’est acté pour le moment. Il existe donc toujours une forte incertitude sur l’avenir des exportations ukrainiennes, alors que les importations en provenance de ce pays sont interdites vers l’est de l’Union européenne. Au final, l’élément clé restera la demande. Bien qu’elle soit en berne en raison de l’inflation et du ralentissement économique, la baisse des prix pourrait permettre un regain d’activité de la demande mondiale.
Nouvelle baisse des cours du colza
Cette semaine, les prix du colza en France ont continué à subir la pression des fondamentaux toujours lourds. Les importations européennes de colza entre le début de la campagne et le 7 mai ont dépassé les 6,7 millions de tonnes, un volume largement supérieur aux niveaux réalisés sur les campagnes précédentes. Par ailleurs, le prix de l’huile de colza à Rotterdam a diminué de 20 $/t cette semaine. Elle continue ainsi à s’afficher moins chère que l’huile de palme (de 55 $/t actuellement), en raison de l’abondance de l’offre en huile de colza au sein de l’Union européenne et d’une demande atone des secteurs alimentaire et énergétique.
Les cours du colza ont ainsi cédé 13 €/t sur la semaine, s’affichant à 417 €/t rendu Rouen et à 425 €/t en Fob Moselle. L’avancée rapide des semis de soja aux États-Unis, ainsi que la production indonésienne d’huile de palme, attendue en hausse sur le mois de mai, ont également contribué à la baisse des prix du colza.
Cette tendance baissière a toutefois été limitée par les incertitudes planant toujours sur les expéditions ukrainiennes de produits agricoles. La prolongation du corridor maritime au-delà du 18 mai n’étant pas encore confirmée, alors que la Russie continue de limiter les inspections de bateaux.
Les prix du colza ont aussi vu leur baisse limitée par la publication des stocks de canola au Canada. À la fin de mars, ces derniers sont estimés à 5,9 millions de tonnes. Bien que ce niveau soit supérieur à celui de l’an passé à la même date, le marché s’attendait à des volumes disponibles encore plus importants. Les prix du canola canadien ont par conséquent augmenté de près de 14 $/t depuis la semaine dernière.
Léger raffermissement des cours du tourteau de soja
Les prix du tourteau de soja ont rompu avec la tendance baissière de ces dernières semaines. Entre le 5 et le 12 mai derniers, le prix a gagné 6 €/t à Montoir-de-Bretagne, dans le sillage des autres cotations mondiales. Le tourteau argentin a lui gagné 9 $/t sur le rapproché, tandis que le cours sur le CBoT est resté pratiquement inchangé sur le rapproché, mais a progressé de 7 $/t sur l’éloigné.
Le réveil de la demande chinoise a animé le marché. Les fabricants d’aliments se montrent désormais plus demandeurs et les ventes de tourteaux de soja se sont activées cette semaine dans l’empire du Milieu. À noter qu’en parallèle, le prix du porc tend à se redresser également depuis la fin d'avril.
Les marges de trituration se sont aussi améliorées, incitant les triturateurs chinois à s’approvisionner en soja, d’autant plus depuis que les problèmes de déchargement de cargaisons de soja dans les ports se sont résorbés. Les échanges mondiaux se montrent également très dynamiques, comme l’attestent les exportations brésiliennes du complexe soja depuis le début de mai. Sur la première semaine du mois, le rythme quotidien d’envoi moyen a progressé de 41 % sur un an pour les graines, et de 91 % pour le tourteau de soja.
Les bonnes perspectives d’offres aux États-Unis ont cependant empêché les cours de progresser plus fortement. Les semis aux États-Unis se déroulent très bien, à un rythme plus dynamique que la normale. À noter que les incertitudes demeurent sur l’ampleur de la demande animale mondiale, dans un contexte de croissance économique moins importante que prévu dans plusieurs régions du monde, et notamment en Chine. Ce pays tente aussi de réduire de plus en plus sa dépendance aux importations de soja et cherche à inciter les fabricants d’aliments à diversifier leur approvisionnement en matières riches en protéines.
À suivre : corridor maritime en Ukraine, restrictions d’importations dans l’est de l’Union européenne, climat en Amérique du Nord (semis de blé de printemps, de maïs, de soja et de canola), en Europe (toutes cultures), conditions de croissance du maïs au Brésil, prix du pétrole, parité euro/dollar US, situation économique mondiale, situation des marchés financiers.
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