Observatoire Un marché du blé sous tension
À l’occasion du Paris Grain Day, Agritel a donné ses perspectives de long terme pour le marché du blé tendre.
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« Pour la prochaine campagne, la situation est extrêmement fragile du point de vue disponibilités en blé des principaux pays exportateurs », a déclaré Nathan Cordier, analyste chez Agritel, le 28 janvier 2022 lors du Paris Grain Day. Malgré les prix observés ces derniers mois, les surfaces 2022-2023 n’enregistrent qu’une hausse modérée, qui « ne permettra pas de retrouver des niveaux de disponibilités très confortables », estime-t-il.
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Deux hypothèses
Selon une projection d’Agritel basée sur des rendements moyens (hypothèse n° 1 sur les graphiques), les disponibilités pourraient augmenter de 4,8 millions de tonnes pour la prochaine campagne. Dans un deuxième scénario (hypothèse n° 2), Agritel a simulé une baisse de rendement de 5 % en Europe et en Ukraine, du fait des prix des engrais (1), et a également réduit le potentiel de production aux États-Unis, où les conditions de cultures « n’ont jamais été aussi mauvaises ». Il y aurait alors une baisse de disponibilité de 7,8 millions de tonnes d’une année sur l’autre.
Ces scénarios se détachent tous deux des observations historiques. En effet, les années très tendues avaient été suivies par de francs regains de disponibilités chez les principaux exportateurs : + 69 millions de tonnes après 2007 ; + 29 millions de tonnes après 2010 ; + 28,2 millions de tonnes après 2012. Ces projections témoignent ainsi de la tension particulière sur le marché du blé.
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« Nouvelle norme »
Autre indicateur : l’évolution des stocks de fin de campagne des principaux exportateurs. Si 2021-2022 les place sur un faible niveau, à 56 millions de tonnes, ils pourraient « très légèrement remonter » en 2022-2023, a indiqué Nathan Cordier. Mais les projections ne laissent que peu de marge de manœuvre. « En cas de léger problème de production, ce serait une tension réelle. Avec, surtout, un ratio stock/utilisation qui serait extrêmement faible », précise-t-il.
Finalement, Agritel estime que des prix du blé situés entre 220-230 et 280-300 euros/tonne sur Euronext pourraient être « une nouvelle norme » pour les prochains mois. Tout incident climatique, comme celui observé en novembre 2021, pourrait faire grimper les prix au-delà de 300 euros/tonne sur des durées plus ou moins courtes.
Au contraire, « il faudrait des problèmes réels de crise économique ou de surperformance sur le plan du rendement pour repasser en dessous des 220 euros/tonne », estime Nathan Cordier.
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Hélène Parisot
(1) Agritel se base sur ce chiffre : en blé, une baisse de fertilisation de 30 kg N/ha entraîne une diminution de rendement de 5 %.
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