Comment la douceur des derniers jours impacte vos cultures
Depuis quelques jours et jusqu’à la fin de la semaine, les températures sont bien au-dessus des moyennes de saison sur l’Hexagone. Si ce type d’épisode n’est pas rare au début de novembre, il peut avoir des effets sur la levées des céréales ou la prolifération des ravageurs.
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« L’été de la Saint-Martin », « l’été indien » ou encore « l’été de la Toussaint ». Les dictons populaires ne manquent pas pour qualifier l’épisode météorologique que nous vivons en France depuis plusieurs jours. Les températures ont atteint des « niveaux remarquables », selon Météo-France, avec souvent 5 à 8°C au-dessus des normales de saison.
Et pourtant, si de tels dictons existent, souvent d’ailleurs issus de l’expérience même des agriculteurs depuis plusieurs siècles, c’est bien que le phénomène n’est pas nouveau à cette période de l’année. Patrick Marlière, météorologue et directeur général de Médias-Weather, explique que la douceur que nous connaissons actuellement vient de « la présence d’une dépression dans le proche Atlantique, une goutte froide comme on l’appelle souvent, dont les vents font remonter de l’air chaud du nord de l’Afrique vers l’Europe ».
Si certains records de température ont notamment atteint les Pyrénées-Atlantiques dans la journée de jeudi 13 novembre 2025, « le caractère exceptionnel de l’épisode tient surtout à sa durée, souligne le scientifique. À certains endroits, cette chaleur inhabituelle pour une mi-novembre va durer quasiment une semaine. »
Une douceur globalement favorable aux semis
Dans les champs, « la douceur devrait globalement bénéficier aux semis en induisant une levée plus rapide » pour le blé et l’orge déjà semé, selon Jean-Charles Deswarte, ingénieur chez Arvalis, l’Institut du végétal. L’expert pointe cependant deux sujets de vigilance.
« D’abord, avec une levée des cultures plus rapide que prévu en lien avec les températures élevées, les agriculteurs pourraient être pris de vitesse sans avoir le temps d’appliquer leur désherbage de prélevée », alerte Jean-Charles Deswarte. L’ingénieur appelle à la prudence, car un risque de phyto-toxicité est même à craindre si les producteurs « appliquent leur traitement désherbant trop près de la levée ».
Attention aux pucerons
Avec un thermomètre souvent au-dessus des 20°C, « certains ravageurs comme les pucerons vont aussi continuer à faire la fête », prévient Jean-Charles Deswarte. « Les températures ont permis jusqu’à maintenant le maintien, voire la prolifération des pucerons, puisqu’on n’a pas connu de gelées qui réduisent les populations. Nous devrions donc probablement observer un accroissement de leur activité ».
Vecteurs de virus, les pucerons et cicadelles dans les cultures méritent donc une surveillance accrue, et ce « jusqu’à la chute des températures ».
Retour du froid pour la deuxième quinzaine de novembre
Dès ce vendredi 14 novembre, selon Météo-France, « un front froid » associé à la goutte froide au-dessus de l’Atlantique devrait « rentrer par l’ouest du pays et le traverser en gagnant en activité ». Des orages guetteront le Limousin, le Massif central et le centre de la France, tandis que le Languedoc-Roussillon et les Cévennes devraient connaître des précipitations sur les reliefs.
« La France subira un petit refroidissement à compter de la semaine prochaine, sans que cet épisode hivernal ne dure plus de deux semaines, selon les prévisions de Patrick Marlière. L’alternance un peu brutale entre la douceur et le froid, accompagnée de quelques gelées matinales pourrait alors affecter les végétaux les plus sensibles. »
Mais pour Jean-Charles Deswarte, « les gelées annoncées, aux alentours de –2°C, ne seront pas problématiques pour les cultures. Elles sont assez résistantes pour supporter ces températures à ce stade de leur maturité ».
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