Une fédération nationale pour les magasins de producteurs

L’ambition est donnée : ce sera « la fédération de tous les magasins de producteurs », espère Loïc Jeanjean, agriculteur en Occitanie. Il fait partie de l’un des trois réseaux de magasins de producteurs (en Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie) qui se sont réunis ce mercredi 2 avril 2025 à Paris pour acter la création de la Fédération nationale des magasins de producteurs en vente directe (la Femap).

Cette fédération, en gestation depuis trois ans, a pour objectif de défendre les intérêts des magasins de producteurs en vente directe en les fédérant avec une identité juridique propre.

Représenter les magasins de producteurs

Elle veut porter sa voix aux niveaux national et politique avec un objectif : « promouvoir notre mode de commercialisation », soutient Florian Pascal, son président, et « faire comprendre que les réalités de terrain ne sont pas en adéquation avec les lois qui nous régissent aujourd’hui », explique Céline Houssemand, trésorière. Par exemple, pourquoi les producteurs sur les marchés devraient calibrer leurs légumes, et les éleveurs de poules pondeuses passer forcément par un centre d’emballage même en vente directe ? interroge l’agricultrice en bovins à viande et maraîchage. « Ça met en péril l’exploitation, ça augmente les coûts, et le gaspillage alimentaire. »

La fédération, qui regroupe actuellement une cinquantaine de boutiques aux quatre coins de la France veut porter un mouvement « par les producteurs et pour les producteurs », explique le président et maraîcher Florian Pascal. Elle compte deux collèges, un pour les magasins de producteurs et un pour les réseaux locaux de magasins, tandis que des partenaires pourront être intégrés, avec voix consultative.

Mutualiser les connaissances

Les fondateurs estiment à environ 1 000 fermes et 3 000 actifs le nombre de participants à cette nouvelle aventure. Les trois réseaux locaux espèrent faire sortir de l’isolement les magasins de producteurs. Une représentante d’un magasin de Bretagne en témoigne : « Nous n’avons pas beaucoup de liens les uns avec les autres, mettre en place un magasin prend du temps et c’est laborieux avec toutes les normes d’hygiène… Nos expériences à tous peuvent servir à de petits magasins qui peuvent ramer au début. »

Pour le président, la fédération pourrait, à terme, permettre de « mutualiser les informations et les outils » avec de la veille réglementaire par exemple, même si la priorité reste de « se faire connaître et reconnaître ». Les ambitions de la Femap se résument sous le triptyque « représenter, défendre et mutualiser », résume Valérie Pommet, chargée de mission à la pépinière Trame qui accompagne l’émergence de la fédération.

Comment adhérer ?

Les magasins de producteurs peuvent adhérer à la fédération nationale en s’acquittant d’une cotisation de 50 euros. Ceux déjà dans un réseau local ne pourront pas adhérer directement, ce sera au réseau de déposer son adhésion. Tous les magasins de producteurs sont les bienvenus, du moment qu’ils respectent les statuts de la fédération, c’est-à-dire correspondre à « un lieu physique de vente directe de produits locaux, géré par un collectif se donnant des règles de fonctionnement, où le producteur reste maître de sa commercialisation », énumère Florian Pascal. Les structures intéressées peuvent contacter la Femap via l'adresse mail : reseaumagasin@gmail.com.

En France, 544 magasins de producteurs ont été recensés sur le territoire français par le sociologue Gregory Akermann, présent à la réunion, « et 70 ont disparu ces trois dernières années ».