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Chambres d’agriculture : des réactions contrastées au rapport de la Cour des comptes

Le rapport de la Cour des comptes sur les chambres d'agriculture a été publié le 3 octobre 2025.

Si le président de Chambres d’agriculture France note que le rapport de la Cour de comptes observe des progrès dans le réseau des chambres d’agriculture, le constat n’est pas partagé par tous.

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Des réactions contrastées, c’est ce qu’a suscité le rapport publié le 1er octobre 2025 par la Cour des comptes sur les chambres d’agriculture, exprimant plusieurs critiques et recommandations.

Chambres d’agriculture France retient les progrès observés

L’un des premiers concernés, Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, rejette l’idée d’un rapport « sévère » de la part de la Cour des comptes. Il souligne que le rapport constate des progrès et incite dans la plupart de ses propositions à « poursuivre ce qui est fait ». Il réfute également « de régulières « atteintes à la probité » » comme l’a publié France Info quelques heures avant la publication de l’enquête.

Sébastien Windsor n’a « pas vu d’éléments autour de la corruption », ni de signalement de corruption dans le rapport. La seule mention du terme concerne des efforts préventifs explique-t-il : « Le seul endroit où le mot corruption est cité, c’est concernant la mise en route de notre cellule d’audit et le besoin d’avancer vers une charte pour les salariés pour justement continuer un effort qui permet d’éviter toute corruption ».

Le point sur lequel la Cour des comptes a « effectivement été critique » concerne la régionalisation et la mutualisation inaboutie des chambres d’agriculture, admet le président de Chambres d’agriculture France. Sébastien Windsor se défend en expliquant notamment que la mutualisation des fonctions support est complexe dans les grandes régions où les distances sont importantes.

L’État est attendu

La Cour des comptes indique dans son rapport qu’elle attendait également davantage de l’État dans son rôle de tutelle des chambres d’agriculture. « Une vigilance accrue est nécessaire face aux irrégularités constatées par la Cour, notamment en matière de gouvernance, de subventions syndicales, de participations financières, de fiscalité et de probité. » Un avis que partage Sébastien Windsor : « plus de rigueur de la tutelle me semble absolument nécessaire ».

« Nous avons nous-même et encore une fois dénoncé par écrit à la tutelle des choses abusives » en faisant référence « à deux ou trois chambres incriminées ». « C’est absolument nécessaire que, vis-à-vis de ces chambres, l’État prenne ses responsabilités ». Sébastien Windsor évoque des contributions qui ne sont pas réglées par certaines chambres à la tête de réseau Chambres d’agriculture France, qui utilisent des fonds à des fins dépassant l’objet des chambres, ou encore qui n’adoptent pas, sur le plan informatique, les logiciels communs.

Sur le règlement des dettes, « un mandat d’office est possible pour aller rechercher l’argent mais nous n’avons aucun moyen de mettre des sanctions ». « Quelques-uns pourraient être tentés de faire des choses qui ne sont pas complètement dans les clous », ajoute-t-il au regard des dernières élections chambres en ciblant celles remportées par la Coordination rurale.

Autre avis partagé avec la Cour des comptes, le déploiement du conseil global et stratégique pour les agriculteurs est la priorité au sein du réseau. Mais son succès dépendra aussi des moyens publics mis en place, notamment pour que « les agriculteurs soient accompagnés financièrement dans les investissements nécessaires » pour réaliser les transitions « environnementales, sanitaires et économiques ».

Le rapport doit susciter « un électrochoc » pour la Confédération paysanne

La Confédération paysanne espère de son côté que le rapport provoque un « électrochoc du côté des chambres, de sa tête de réseau et du ministère de tutelle pour agir dans l’intérêt général », selon un communiqué du 2 octobre 2025. Le syndicat estime que le rapport « pointe un déficit criant de démocratique et le laxisme de l’état et la faiblesse de sa tutelle ».

« Compte tenu des enjeux agricoles, nous avons un besoin urgent de chambres d’agriculture au service de l’intérêt général et vraiment tournées vers le renouvellement des générations et l’accompagnement à la transition. La transparence dans la gouvernance, la prise en compte de la pluralité, via la réforme du mode de scrutin, la neutralité dans la gouvernance sont indispensables », ajoute-t-elle.

Tous les agriculteurs ne trouvent pas leur place

La Confédération paysanne est rejointe par Terre de liens. Le rapport « montre tout simplement que les chambres d’agriculture sont nombreuses à ne pas répondre à leur objectif initial, estime l’organisation. Elles sont censées être un moteur et accompagner la transition agroécologique, elles se montrent souvent ouvertement hostiles aux mesures écologiques, comme à la baisse de l’utilisation des pesticides. Elles reprennent parfois mot pour mot les éléments de langage des syndicats comme la FNSEA, qui soutient par exemple fermement la loi Duplomb. Or tous les agriculteurs ne sont pas représentés par la FNSEA, mais devraient en revanche trouver leur place dans les chambres d’agriculture. »

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