Céréales Zut, l’euro bride les prix !
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Les prix du blé en France se sont affaissés cette semaine après le rebond de la semaine dernière. Pourtant, la tendance s’est affichée à la hausse sur le marché mondial. Mais les valeurs européennes n’ont guère pu en profiter à cause de la force de l’euro.
Le blé russe tire ses concurrents
C’est le blé meunier russe qui s’est apprécié le plus cette semaine (+4 $/t à 185 $/t Fob) en raison du programme très dense d’exportations au départ des ports russes, d’une part, et de la hausse du rouble face au dollar, d’autre part. Par ailleurs, vu l’ampleur de la récolte russe, le ministre de l’Agriculture a mentionné hier, lors d’une réunion avec l’industrie des grains, des mesures destinées à favoriser les exportations, telles que des subventions au transport ferroviaire des grains de l’intérieur du pays vers les zones portuaires. La remontée des prix russes s’est propagée aussi à l’Ukraine, y compris sur les valeurs fourragères qui se sont appréciées de 3 $/t à 167 $/t. Les blés US ont rebondi aussi – modérément – après des ventes à l’exportation soutenues la semaine dernière et la baisse du dollar.
Des blés français à la traîne
Les blés européens, et notamment les blés français, ont suivi le mouvement lorsqu’on les regarde en dollar (+1 $/t environ) mais ils ont chuté en revanche, exprimés en euro, de 1 à 2 €/t (faisant suite à la poursuite de la montée de l’euro face au dollar). Que ce soit pour les blés français ou les blés allemands – de même pour les blés européens de la mer Noire, bulgares et roumains – la compétitivité des blés européens est actuellement médiocre si bien que ceux-ci ne peuvent se permettre de laisser leur prix monter beaucoup.
Des qualités contrastées
En France, selon les derniers résultats, la qualité est confirmée comme très bonne avec presque 90 % des volumes classés comme blés meuniers, plus de 65 % des blés affichant des taux de protéines supérieurs à 12 % et 74 % des blés présentant des PS supérieurs à 76 g/hl. Les résultats sont bons également en ce qui concerne les indices de Hagberg. En Allemagne, en revanche, les résultats sont beaucoup plus mitigés : la part des blés fourragers y est proche de 30 %, un niveau nettement plus important que celui des deux dernières campagnes. Dans les pays baltes, finalement, les inquiétudes qualitatives s’estompent. Toutefois, malgré les bonnes performances qualitatives en France et dans la zone baltique, les exportations de l’UE sont prévues basses actuellement à cause du manque de compétitivité des blés européens.
Stabilité en orge fourragère
Comme pour le blé, la tendance sur le marché mondial de l’orge a été haussière cette semaine, les valeurs russes et ukrainiennes gagnant ente 3 et 4 $/t à 179-180 $/t. Les orges fourragères françaises, quant à elles, sont restées quasi stables, comprimées vers le bas par la compétition exercée par le blé fourrager.
Poursuite de la baisse sur le créneau brassicole
Les orges de printemps brassicoles viennent de nouveau de voir leur prix baisser en raison des bons résultats de récolte en Scandinavie et au Royaume-Uni. Par ailleurs, les perspectives d’exportation de l’UE se réduisent de semaine en semaine à la suite d’une perte de compétitivité face aux orges ukrainiennes et australiennes. En conséquence, les orges de printemps Fob Creil perdent cette semaine 6 €/t (alors que le prix des orges d’hiver brassicole reste stable à 154 €/t).
Léger rebond en maïs
Les prix du maïs ont gagné entre 2 et 6 €/t cette semaine sur le marché français à 154 €/t fob Rhin et Fob Bordeaux, impactés par la remontée du droit à l’importation la semaine dernière et la hausse des prix brésiliens. Malgré des volumes records à exporter, les producteurs brésiliens sont en effet assez réticents à libérer leur marchandise aujourd’hui jugeant les prix peu rémunérateurs. Néanmoins, la hausse sur le marché mondial ne devrait être que de courte durée avec l’arrivée imminente de la récolte US et les bons échos concernant les rendements dans ce pays.
Les fortes ventes US soutiennent les cours du soja
Le prix de la graine de soja à Chicago est en hausse de 9 $/t cette semaine (à 404 $/t). Au 3 septembre, presque tous les plants (97 %) étaient au stade de formation des gousses, et la semaine passée, 51 % des plants étaient jugés bons à excellents. Les prix sont soutenus encore par de très fortes ventes hebdomadaires (presque 1,6 million de tonnes), et par la bonne tenue du cours des huiles. Les USA profitent en effet du recul saisonnier de leur grand compétiteur brésilien sur le marché mondial. Attention toutefois aux chargements dans les prochaines semaines, dont la plupart ont lieu dans le golfe du Mexique (et pourraient donc être perturbés par les ouragans).
Baisse du colza européen, soutien des cours mondiaux
Le prix du colza recule cette semaine (–3 €/t rendu Rouen, –5 €/t Fob Moselle et –4,5 €/t sur Euronext). Les cours hexagonaux sont plombés, d’une part, par la force de l’euro face au dollar (le cours Euronext exprimé en dollar est inchangé) et, d’autre part, par la décision hier de la Commission européenne de réduire les taxes de douane sur le biodiesel en provenance de l’Argentine. Toutefois, cette décision, guère surprenante, ne devrait pas faire reculer sur le court terme la demande pour la graine de colza (mais pourrait plutôt avoir un effet négatif sur l’industrie espagnole de fabrication du biodiesel, à base d’huiles de soja et de palme).
Au contraire, les cours du canola progressent au Canada. Ils gagnent en effet environ 9 $/t, faisant suite à la publication des stocks de la fin de la campagne de 2016-17, à 1,3 million de tonnes (Mt). Il est à noter que depuis le 31 juillet, les utilisations canadiennes (intérieures et exportations) dépassent les 0,9 Mt : les disponibilités de l’ancienne campagne sont donc maintenant très basses. Dans ce pays, la récolte est en cours : au Saskatchewan, la moisson a bien avancé, avec 26 % des canolas récoltés et 50 % en andains ou prêts à être coupés. Les rendements devront être suivis avec attention, les dernières prévisions (à la fin d’août) étant assez pessimistes.
Le prix du tournesol remonte légèrement cette semaine (+5 €/t à Saint-Nazaire à 335 €/t), grâce au soutien des cours des huiles.
Les cours des tourteaux de soja repartent à la hausse
Le prix du tourteau de soja remonte de presque 10 $/t cette semaine sur le marché à terme de Chicago. À Montoir, le prix des tourteaux de soja est lui aussi en hausse de 9 €/t, à 303 €/t. Les prix du tourteau suivent ainsi à la hausse les cours de la graine de soja.
Le pois départ Marne recule cette semaine à 198 €/t (–7 €/t), tandis que le prix du pois jaune rendu Rouen est incoté cette semaine. La lourdeur de la très bonne récolte continue de peser sur les prix.
À SUIVRE : valeur de l’euro, programme d’exportation russe, avancée des récoltes de maïs, rendements de la récolte de canola canadienne, conditions climatiques en Amérique du Nord (maïs, soja et canola) et en Australie (canola et céréales à paille), avancée des récoltes de tournesol (Europe et mer Noire).
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