Conjoncture La collecte de lait de chèvre marque le pas
Les livraisons françaises de lait de chèvre ont reculé sur un an, en plein pic de production printanier. Cela en dépit de la revalorisation du prix du lait.
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En cumul sur le premier semestre de 2022, la collecte française de lait de chèvre reste globalement stable sur un an : +0,4 % par rapport à 2021, selon FranceAgriMer. Après un premier bimestre dynamique (+2,9 % par rapport à 2021), la tendance s’est quelque peu inversée.
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Au ralenti depuis le mois de mars
« Déjà ralentie au mois de mars, la croissance de la collecte a été stoppée au mois d’avril », confirme l’Institut de l’élevage (Idele). Les livraisons au second trimestre accusent un retard de 980 000 litres sur un an (–0,6 % par rapport à 2021). Les dernières enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer font état d’un léger mieux en juillet, mais pas sur le début du mois d’août.
« La fin des stocks des fourrages de bonne qualité conjuguée à une météo printanière chaude et sèche a pénalisé la productivité des chèvres », explique l’Idele. L’institut évoque également la flambée des charges supportée par les éleveurs. L’Ipampa lait de chèvre (1) est à la hausse depuis août 2021.
« La hausse des prix des aliments achetés et de l’énergie sont les principales charges responsables de cette augmentation », indique l’interprofession caprine (Anicap). En juin 2022, l’Ipampa a pris presque 24 % sur un an. « Certains producteurs réforment davantage et rognent sur l’aliment du commerce », relate Jacky Salingardes, le président de l’Anicap.
Un risque de décapitalisation
« Le cheptel caprin, relativement stable d’une année sur l’autre, risque de baisser », prévient-il. La problématique du renouvellement des générations et la compétition avec certaines filières végétales actuellement plus attractives n’aident pas.
Le prix du lait de chèvre à teneurs réelles progresse de 3,9 % sur les six premiers mois de 2022, pour une moyenne calculée par FranceAgriMer de 761 €/1 000 litres. Mais pas de quoi sauver les marges. « La marge Milc a baissé de 9,5 % au premier trimestre de 2022 par rapport au premier trimestre de 2021 », souligne l’Anicap.
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« Les renégociations commerciales, bien que tardives, portent leurs fruits, reconnaît néanmoins Jacky Salingardes. Après le 1er juillet 2022, les prix de base affichent des hausses de l’ordre de 80 à 100 €/1 000 litres par rapport à 2021. »
De leur côté, les transformateurs doivent composer avec une collecte nationale ralentie. Ils « ont importé davantage de caillé en ce début d’année, afin de maintenir les fabrications fromagères (voir l’encadré) », indique l’Idele.
FranceAgriMer estime les importations françaises à plus de 37 millions de litres entre janvier et juin 2022, en hausse de 9,2 % sur un an. Les stocks de produits de report frôlent, à la fin de juin, les 6 000 tonnes. « Les niveaux sont plutôt bas, il n’y a pas de surstock », précise le président de l’Anicap.
(1) Indice des prix d’achat des moyens de production agricole.
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