Céréales Pas de miracle pour Noël (Tallage)
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Aucun élément nouveau n’est venu cette semaine remettre en cause la lourdeur généralisée des marchés céréaliers mondiaux. En blé tendre, les prix n’ont guère évolué. Le rendu Rouen est quasi inchangé, à 166 €/t, tout comme les échéances rapprochées sur Euronext (167,25/t pour le contrat de mars). Même constat pour les principales origines mondiales, qui fluctuent de façon très modérée par rapport à la semaine dernière.
Le blé argentin se démarque
Seule l’origine Argentine a enregistré une évolution notable (+7 $/t en blé fourrager et meunier), mais elle reste très compétitive. Le blé argentin a d’ailleurs fait une entrée remarquée dans le carnet de commandes du Gasc égyptien cette semaine. L’office d’État a en effet pour la première fois de la saison acheté 120 000 tonnes de cette origine, moins chère que les offres russes et roumaines malgré un désavantage de plus de 10 $/t de coût de fret.
Le Gasc a acheté ces 120 000 t de blé argentin à 196,8 $/t (coût de fret inclus), 180 000 t de blé russe à 197,9 $/t et 60 000 t de blé roumain à 197,8 $/t. C’est son deuxième plus gros achat cette saison après celui de 420 000 t passé le 25 octobre. Le ton est ainsi donné : le blé argentin va être un solide concurrent sur le marché nord-africain, tout comme sur le marché asiatique.
Les autorités argentines ont une nouvelle fois remonté leur estimation de récolte à 15,7 millions de tonnes. Cela risque de ne pas faire les affaires de la Russie, alors que ce pays doit réaliser une performance à l’exportation exceptionnelle sur la seconde moitié de campagne pour ne pas crouler sous les stocks de report à la fin de la saison.
Gare au froid
Cela ne laisse guère de place pour une hausse marquée (durable) des prix. Il faudra toutefois suivre de près les assauts du froid : aux États-Unis comme en Europe et autour de la mer Noire, les cultures ne sont guère armées pour résister à une chute brutale des températures.
En orge, le marché est au calme plat et les cours n’évoluent pas, à 140 €/t en rendu Rouen et à 163 €/t Fob Creil pour l’orge brassicole d’hiver.
En maïs, les cours français bénéficient de la petite récolte tricolore ainsi que du niveau toujours faible de l’euro. Ils reprennent 1 €/t Fob Bordeaux (169 €/t) et Fob Rhin (167 €/t), malgré la baisse généralisée qui frappe les autres principales origines mondiales. Les maïs ukrainiens, argentins, américains et brésiliens perdent ainsi 4 $/t. Pourquoi ? À cause de l’ampleur de la récolte aux États-Unis et de la bonne condition des cultures au Brésil. L’offre française profite aussi des basses eaux du Rhin et du Danube, qui pénalisent les expéditions d’Europe centrale vers l’Europe du Nord.
Le soja entraîne le colza à la baisse
Cette semaine, c’est l’actualité de la graine de soja en Amérique latine qui domine. D’une part, en Argentine, le retour des précipitations a en partie levé les inquiétudes sur les semis en cours. La région de Buenos Aires reste néanmoins sèche par endroits. En fin de semaine, les quelques dizaines de millimètres de pluie attendus devraient venir éteindre les dernières poches locales de sécheresses.
Au 20 décembre, les deux tiers des surfaces de soja prévues étaient semées en Argentine. Si les prévisions climatiques s’avéraient fausses, cela pourrait affecter fortement la surface finalement emblavée cette année. Le climat restera par ailleurs un facteur de variation important pour les prix durant les mois à venir, principalement de février à avril pour le soja argentin, période clef pour l’élaboration du rendement via le remplissage des gousses.
D’autre part, au Brésil, les champs semés les plus précocement, au début de septembre, arrivent à maturité, et la récolte commence exceptionnellement tôt dans le Mato Grosso. Même si les surfaces moissonnées restent anecdotiques, les rendements y sont excellents, et la récolte devrait nettement s’accélérer durant la dernière semaine de décembre. À la fin de janvier, si le temps est de la partie, 15 à 20 % de la récolte brésilienne pourraient déjà être engrangés.
Ainsi, pour le moment, les voyants sont au vert du côté de l’approvisionnement, ce qui pèse sur les prix. Le cours du soja à Chicago perd presque 13 $/t sur la semaine. À Winnipeg, le canola suit le mouvement, et recule d’autant. Le prix du colza français est directement influencé par ce recul outre-Atlantique. Le prix du colza rendu Rouen baisse de 6,50 €/t par rapport à la semaine dernière, à 408 €/t. La cotation février 2017 sur Euronext chute encore davantage (–10,25 €/t à 409,50 €/t).
Le tournesol reste coté 390 €/t à Saint-Nazaire, stable maintenant depuis trois semaines. La demande en graines de tournesol reste soutenue, en raison des marges de trituration très attractives. Ainsi, les importations de tournesol de l’Union européenne ont triplé sur le début de la campagne par rapport à la même période l’an passé.
Rebond des tourteaux
Les prix des tourteaux en France remontent sous l’effet d’une demande dynamique. Ils gagnent 4 €/t à Montoir. Aux États-Unis, ils sont au contraire plombés par le recul du prix du soja (–5 $/t sur la semaine). Les prix des pois fourragers restent à 220 €/t (départ Marne). L’offre est limitée mais le pois est peu attractif dans les rations.
À suivre : conditions de culture en Amérique du Sud (oléagineux) ; prix du pétrole ; taux de change ; fragilité des céréales face à une éventuelle chute brutale des températures en UE, mer Noire et aux États-Unis ; agressivité des origines argentine et australienne en blé ; problèmes de logistique portuaire en Russie (mauvaises conditions climatiques).
[summary id = "10024"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :