Les haies représentent 10 % du stock forestier national

Il s’agit de la première évaluation de la ressource en bois bocager réalisée à l’échelle de la France. Elle a été publiée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) le 15 octobre 2025.

Dans cette étude sur les haies bocagères en France, l’Ademe fournit une évaluation des stocks sur pied en volume de bois, en biomasse et en carbone.

405 millions de mètres cubes

Le stock de bois sur pied actuel dans les haies s’élève à un total de 405 millions de mètres cubes à l’échelle de la France, soit 9,5 % du stock forestier national. Cela correspond à 129 millions de tonnes de carbone aux niveaux aérien et racinaire.

Le linéaire total actuel des haies bocagères à l’échelle de la France entière s’élève à 1,47 million de kilomètres. Les trois quarts de ce linéaire possèdent un stock sur pied, du fait de la hauteur de la haie, supérieure à trois mètres.

La Nouvelle-Aquitaine est la région disposant du linéaire de haie le plus élevé de France avec 234 000 kilomètres. Il faut dire que la région est très étendue et qu’elle comprend dans sa partie nord des départements très bocagers (Creuse, Deux-Sèvres, Vienne et Haute-Vienne).

Parmi les départements, la Manche se trouve à la première place avec 58 000 kilomètres de linéaire de haie. Dans ce département, le stock de bois bocager est même supérieur au stock de bois forestier.

Cette évaluation permet aussi d’identifier des départements présentant une proportion importante de haies « basses » donc sans stock : il s’agit de l’Allier, de la Nièvre, du Nord et de la Saône-et-Loire.

0,6 % de croissance annuelle

L’évolution des stocks sur pied est par ailleurs quantifiée pour la première fois. Les prélèvements et disparitions de haies sont actuellement inférieurs au développement permis par la croissance de la végétation. Ce qui conduit à une augmentation moyenne du stock bocager dans les haies de 0,6 % par an.

Les prélèvements de bois effectués dans les haies sont d’environ 5,3 millions de mètres cubes par an, soit 1,3 % du stock bocager sur pied.

Sur le linéaire mesurant plus de trois mètres, le stock moyen de bois sur pied sur le territoire français est évalué à 366 mètres cubes par kilomètre. La majorité de ce linéaire possédant un stock sur pied est constituée de haies d’environ 6 mètres de hauteur ou 9 mètres de largeur.

« Méthodologie innovante »

« Une méthodologie innovante, générique, reproductible » a été développée spécifiquement pour cette évaluation menée par l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) pour le compte de l’Ademe. Cette méthodologie permettra aussi « un suivi des stocks et des prélèvements de biomasse dans les haies » dans le temps.

Plusieurs études antérieures avaient été menées jusqu’alors avec des méthodes cependant « perfectibles », selon l’Ademe. Elles avaient pu donner des estimations de biomasses bocagères dès 2009, affinées en 2018 et 2019 pour les régions de Bretagne et de Normandie alors en réflexion sur une stratégie pour les bois bocagers. Puis en 2022 une première évaluation quantitative des stocks de bois a été réalisée dans 31 départements français. En plus d’étendre l’analyse à la France entière, le travail de l’Ademe qui vient d’être publié « constitue un approfondissement conséquent du diagnostic de ressource en bois bocager », bien que certaines limites soient encore soulignées par les auteurs du rapport. Parmi les nouveaux apports de cet état des lieux, on peut citer par exemple la quantification objective de l’évolution des stocks, une caractérisation des types de prélèvements, des données sur les hauteurs et largeurs des haies.

Une base et un suivi pour les politiques

Les haies bocagères rendent de nombreux services écologiques tout en ayant une valeur économique pour les agriculteurs qui récoltent le bois. Un pacte a été lancé par le ministère de l’Agriculture en 2023 afin de soutenir la plantation et la gestion durable des haies, avec un objectif chiffré de gain net de 50 000 kilomètres linéaires d’ici à 2030.

La méthodologie développée par l’IGN « constitue une avancée majeure », selon l’Ademe, dans la perspective du pacte haie et de la mise en place de l’Observatoire de la haie par le gouvernement. Ce travail servira de base et de suivi aux politiques publiques liées à la gestion durable des haies, du niveau national au niveau territorial.