Dans le Loiret, Kévin Lemaire, éleveur laitier bio, et son associé Arnaud Testard, prennent soin de 22 kilomètres de haies. Leur bocage regorge de biodiversité. Chênes, érables, aubépine, aulnes, ronces… Toutes les strates de végétation sont représentées. « Ce type de haie pluristrate, herbacée et ligneuse, stocke énormément de carbone, mais il n’est pas assez valorisé », note Wendy Barré-Lucas, conseillère en agroforesterie à la chambre d’agriculture du Loiret.
Pour l’entretien, Kévin débourse environ 2 000 € par an sans compter ses heures de tracteur. « C’est un budget et du temps de main-d’œuvre qui incitent certains à arracher des haies (1) », constate-t-il. Pour contrer ce fléau, un groupe d’éleveurs du Giennois a réfléchi, avec la chambre d’agriculture, à un dispositif financier fondé sur le label bas carbone, baptisé « Carbocage ». La démarche a été officiellement lancée le 26 septembre 2025 à Autry-le-Châtel.
« Nous avons appris à gérer les haies autrement » (06/08/2025)
Plan de gestion sur 5 ans
Wendy Barré-Lucas s’appuie sur la « méthode haies », développée par les chambres d’agriculture des Pays de la Loire et de Bretagne, pour préconiser un plan de gestion durable aux éleveurs. Le dispositif a été testé pendant deux ans pour en estimer le budget. « Nous sommes arrivés à ces ordres de grandeur : 10 km de haies stockent environ 20 tonnes de CO2 par an. Le coût de l’accompagnement du plan de gestion sur 5 ans est en moyenne de 4 000 € par exploitation », détaille Éloïse David, conseillère territoriale à la chambre d’agriculture.
Marché volontaire du carbone
La « méthode haies » permet d’accéder au marché volontaire du carbone. Encore faut-il trouver des financeurs privés pour acheter les crédits ! Conseillères et éleveurs ont fait appel au fonds de compensation agricole. Le groupe CVE, à l’origine d’un parc photovoltaïque, et Ciment route, responsable de l’extension d’une carrière, ont versé 203 000 €. Cinq éleveurs recevront entre 10 000 et 15 000 euros en fonction du stockage de carbone de leurs haies, au total sur cinq ans. Début 2026, un nouvel appel à projets sera ouvert à sept agriculteurs.
(1) D’après un rapport de 2023 du CGAAER, la perte est estimée à 23 500 km par an sur la période 2017-2021.