L’enjeu de la biodiversité prend de l’importance dans les filières
Tout comme l’enjeu de l’impact en carbone associé aux productions agricoles, celui de la biodiversité prend de l’ampleur. Son évaluation est toutefois plus complexe.
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« On parle aujourd’hui de plus en plus de biodiversité, comme on parlait de carbone il y a trois ans, estime Armand Gandon, chef de projets chez Vivescia. C’est un enjeu qui va continuer à prendre de l’ampleur. » Il s’est exprimé à l’occasion d’une table-ronde organisée par la coopérative lors de son salon Les céréalistes, dans la Marne, le 4 juin 2024.
Vivescia a lancé en septembre 2023 son programme Transitions, pour accompagner les producteurs vers l’agriculture régénérative. Le soutien économique associé repose sur les « primes filières », en partenariat avec l’aval. Armand Gandon souligne une certaine attente des clients pour la thématique de la biodiversité.
Mesures complexes
Pour l’heure cependant, et contrairement à l’enjeu de l’émission des gaz à effet de serre, la mesure de l’impact des pratiques agricoles sur la biodiversité se heurte à la difficulté de la méthodologie à appliquer. Ainsi, il n’y a « pas d’outil idéal », juge Armand Gandon. Le programme Transitions de la coopérative se base actuellement sur le référentiel de la certification environnementale de niveau 2.
Relevé de végétations, tente malaise, piège à fosse, cuvette jaune… Il existe des méthodes de mesure directes de la faune et de la flore. Mais « mesurer la biodiversité, c’est complexe car elle est propre à chaque territoire et varie dans le temps, en fonction des saisons et des années, précise Michel-Pierre Faucon, enseignant-chercheur en écologie végétale et agroécologie à UniLasalle Beauvais. Pour évaluer l’impact d’une pratique, tout dépend de l’état initial. »
Estimer des niveaux de performance
Tout l’enjeu réside dans la combinaison des méthodes directes et indirectes pour « observer réellement les résultats sur le territoire et sur l’exploitation ». Les méthodes indirectes, elles, estiment qu’il y a un effet sur la base de la connaissance scientifique. Sont alors évalués des indices comme la présente d’infrastructures agroécologiques (IAE), la diversité des habitats, la continuité écologique… C’est sur cette base que repose le label Haute valeur environnementale (HVE) : différents indices sont cumulés par un système de points allant de 1 (très faible) à 5 (très performant). « On a une méthode très arbitraire, juge Michel-Pierre Faucon. Néanmoins, on a une méthode. » On peut également citer DEXiPM, Pyramide ou encore AgriBest, d’autres outils qui estiment des niveaux de performance associés à des pratiques agricoles.
Au-delà de la mesure, « on aimerait prédire les impacts des pratiques et des aménagements sur la biodiversité. C’est très complexe », souligne Michel-Pierre Faucon. Dans le monde de la recherche, plusieurs projets visent à améliorer ces évaluations.
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