Des associations refusent de réserver les termes «burger» ou «saucisse» aux produits carnés
Menées par l’Union végétarienne européenne (EVU), plus de 200 organisations et associations ont signé une pétition appelant au retrait des propositions de la Commission européenne et un amendement visant à restreindre l’usage de termes comme « burger » ou « saucisse » pour les produits à base de végétaux.
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Ne pourra-t-on bientôt plus voir de « steak de soja » ou de « saucisse végétale » dans les frigos des supermarchés européens ? C’est ce dont s’inquiètent plus de 200 structures issues de 23 États membres dans une pétition publiée le 1er octobre 2025 à l’initiative de l’Union végétarienne européenne. L’ONG interpelle la Commission européenne, le Parlement et le Conseil au sujet de récentes propositions visant à interdire l’usage d’appellations carnées pour les produits alimentaires d’origine végétale.
Un amendement et une proposition de la Commission européenne
Parmi les initiatives dans le viseur des signataires de la lettre ouverte, figure en premier lieu un amendement déposé par la députée française Céline Imart, affiliée au groupe PPE au Parlement européen. Adopté le 8 septembre 2025 en commission agricole, avec un vote en plénière prévu le 7 octobre, il vise à modifier la réglementation européenne sur l’organisation des marchés des produits agricoles.
Quel est l’objectif de cet amendement ? Il a pour but de « réserver exclusivement les dénominations actuellement utilisées pour désigner des produits carnés et des préparations de viande aux produits contenant de la viande ». Les termes comme « steak », « escalope », « saucisse » ou encore « burger » ne pourraient donc plus venir désigner les alternatives végétales.
En parallèle, la Commission européenne a présenté en juillet 2025 une révision de l’organisation commune de marché (OCM), inscrite dans la réforme de la Pac, qui introduit également des dispositions visant à protéger les dénominations carnées. En tout, 29 termes liés à la viande seraient interdits à l’affichage sur l’étiquette des aliments n’en contenant pas.
Un coût massif pour les entreprises du secteur végétal
Pour l’entreprise HappyVore, leader européen de la filière des alternatives végétales, de telles restrictions auraient « des conséquences majeures pour les consommateurs et pour la transition alimentaire ». « Cette proposition est un contresens total. Les consommateurs ne sont pas dupes : ils savent faire la différence entre un steak végétal et un steak de bœuf. En réalité, ces dénominations sont utiles pour les guider vers des alternatives plus durables et respectueuses de l’environnement », estime Guillaume Dubois, CEO de la société.
L’entreprise HappyVore dénonce par ailleurs le « coût économique massif » qu’une telle restriction engendrerait pour les entreprises de son secteur pourtant « en plein essor ». En France, le marché du traiteur végétal a progressé de 38 % en volume entre 2022 et 2024, selon une étude du Good Food Institute Europe.
La question de la dénomination des alternatives végétales à la viande a déjà suscité le débat il y a quelques années dans l’Hexagone. Une loi votée en 2020, puis deux décrets pris par le Gouvernement en 2022 et 2024 visaient à répondre à une revendication des acteurs de la filière animale, pour qui des termes comme « jambon végétal », « saucisse vegan » ou « bacon végétarien » peuvent créer la confusion chez les consommateurs.
Mais la Cour de justice de l’Union européenne, saisie par le Conseil d’État sous la pression des acteurs du secteur des produits végétariens et végétaliens, avaient jugé ces textes « non conformes aux règlements européens ». Les deux décrets s’étaient donc vus censurés en janvier 2025.
Réduction de la consommation de viande
Au-delà de l’étiquetage, les signataires de la pétition demandent aux institutions européennes de « soutenir l’innovation et la durabilité en favorisant des conditions de concurrence équitables, au bénéfice du climat et des consommateurs ». Ils rappellent que, le 4 septembre 2025, le Conseil consultatif scientifique des académies européennes (EASAC) a publié un rapport appelant les décideurs à soutenir activement les alternatives à la viande. « Ces produits sont essentiels pour répondre aux défis climatiques, de santé publique et de sécurité alimentaire », soulignait-il alors.
Le débat sociétal sur la consommation de viande est loin de ne susciter des remous qu’à l’échelle européenne. En France, les associations s’alarmaient le 24 septembre dernier de voir la publication de la stratégie nationale pour l’alimentation encore repoussée, freinée par la question de l’inscription ou non d’un cap chiffré pour la consommation carnée à l'horizon pour 2030.
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