Des ONG veulent « agir sur l’amont et l’aval de la chaîne » alimentaire
Un collectif de 87 organisations s’adresse au gouvernement pour rehausser l’ambition de la stratégie nationale alimentation nutrition climat, dénonçant des mesures insuffisantes pour améliorer l’accès à une alimentation saine et durable pour tous.
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« Les pouvoirs publics doivent agir sur l’amont et l’aval de la chaîne alimentaire » afin d’améliorer l’accès à une alimentation saine, durable et choisie, et garantir le droit à l’alimentation de tous. Dans une lettre ouverte adressée le 18 juin 2025 au Premier ministre et aux ministres impliqués dans la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), 87 organisations appellent à réviser à la hausse les objectifs de cette stratégie. Un collectif d’organisations qui représente « agriculteurs, consommateurs, familles, patients, professionnels de santé et de la restauration, scientifiques et défenseurs du bien-être animal et de l’environnement ».
Accompagner les agriculteurs, transformer l’environnement alimentaire
« La responsabilité du consommateur ne permettra pas d’inverser la tendance selon les scientifiques et les institutions expertes », souligne le collectif d’organisations.
« D’une part, il est indispensable d’accompagner les agriculteurs vers des pratiques agricoles rémunératrices, économes en intrants, respectueuses du bien-être animal et qui préservent les écosystèmes. De l’autre, il faut transformer l’offre et les environnements alimentaires, c’est-à-dire l’offre et la mise en avant des produits en magasin, les produits sur lesquels portent la publicité et le marketing, tout en rendant les produits sains et durables plus accessibles sur le plan économique. Cela devra impérativement aller de pair avec une meilleure répartition de la valeur et une régulation du secteur agroalimentaire. »
Si la stratégie actuellement en consultation reconnaît ces enjeux, « elle ne contient pas de mesures suffisantes » pour y répondre, assure le collectif. Il insiste sur l’urgence d’agir pour contrer les « impacts néfastes » du système alimentaire actuel.
Six préconisations
S’adressant toujours au gouvernement, le collectif formule six axes majeurs d’actions pour rehausser l’ambition des objectifs de la Snanc :
- Interdire la publicité et le marketing pour des produits trop gras, trop sucrés et trop salés, en particulier lorsqu’ils ciblent les enfants, et rendre obligatoire l’affichage du Nutri-score sur les emballages et dans les publicités ;
- Garantir une meilleure transparence des prix et un encadrement des marges des distributeurs et des industriels sur les produits sains et durables, pour mieux répartir la valeur ;
- Mettre en place des objectifs d’approvisionnement en produits biologiques, équitables et de qualité pour la grande distribution, sur le modèle de la loi Egalim, associée à une restriction de la surface de vente dédiée aux produits trop gras, trop sucrés, trop salés et aux aliments ultratransformés ;
- Fixer une trajectoire globale et chiffrée d’évolution du système alimentaire vers moins et mieux de produits animaux d’ici à 2030, incluant des objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande ;
- Assurer un financement pérenne des projets alimentaires territoriaux (PAT) à hauteur de 80 millions d’euros par an ;
- Nommer un ou une déléguée interministérielle en charge de la mise en œuvre, du suivi, de l’évaluation de la Snanc, et garante d’une allocation de moyens suffisants pour l’atteinte de ses objectifs.
Parmi les 87 signataires de cette lettre ouverte, se trouvent notamment le Réseau Action climat — qui avait déjà réagi par communiqué début avril 2025 — , Action contre la faim, Emmaüs France, Terre de Liens, Max Havelaar France, ou encore Générations Futures, Greenpeace France et WWF.
Outil de planification alimentaire
Finalement publiée et soumise à consultation début avril 2025, la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat devait à l’origine être publiée en juillet 2023 au plus tard. Créé dans le cadre de la loi Climat et résilience de 2021, ce document sert de guide de la transformation des systèmes alimentaires, y compris de la production agricole, pour un horizon de 2030. Il sera ensuite décliné dans les prochains programmes nationaux nutrition santé (PNNS 5) et programme national de l’alimentation (PNA 4) pour la période de 2025-2030.
Le 12 juin 2025, les acteurs de la grande distribution avaient soumis une tribune au gouvernement, soulignant la « difficile » conciliation entre « rentabilité et durabilité ». Ils sollicitaient notamment « des règles du jeu communes pour favoriser l’engagement de tous les distributeurs dans des démarches de progrès ».
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