Gaz à effet de serre « Les transports polluent davantage que l’élevage »
Parce que les idées fausses ont la peau dure, le sociologue de l’alimentation, Éric Birlouez, professeur à AgroParisTech, réaffirme : « Les transports sont bien la première source de gaz à effet de serre. »
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Haro sur les fausses informations. À l’occasion d’une journée organisée à Yerville, le 28 novembre 2019, par le groupement féminin de développement rural et agricole (GFDAR) de la Seine-Maritime, Éric Birlouez est revenu sur la méprise autour des gaz à effet de serre (GES).
À l’origine de la bévue, un rapport de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, paru en 2006. « Le document retient ces deux chiffres : 14,5 % des gaz à effet de serre mondiaux sont émis par l’élevage. Et 14 % de ces gaz sont liés aux transports Autrement dit, l’élevage produirait davantage de ces gaz à effet de serre que les transports. Mais c’est faux ! »
> Voir aussi :Réchauffement climatique, « l’élevage n’est pas le problème mais une des solutions » (26/09/2019)
Les périmètres n’étaient pas comparables
En réalité, ces deux chiffres ne sont pas du tout comparables, démontre le sociologue de l’alimentation, ingénieur agronome de formation. « Dans le cas des transports, on a uniquement pris en compte les gaz à effet de serre émis par les voitures et les camions, en circulation. » Dans celui de l’élevage, le calcul a tenu compte des émissions depuis la fabrication des aliments pour animaux, des engrais, des produits phytosanitaires, jusqu’au magasin où ils sont achetés.
Transport versus agriculture : 29 % contre 19 %
« Évidemment, quand on compare ces deux chiffres qui n’ont rien à voir, cela donne lieu à des conclusions erronées », et cela contribue à semer le trouble. Les calculs ont depuis été refaits par les scientifiques. Dans un rapport paru en avril 2019, le Citepa (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique) estime qu’en France, plus largement, l’agriculture et la sylviculture émettent 19 % des GES (dont 14 % pour l’élevage) et les transports, 29 % des GES.
> Voir aussi :Relever le défi du changement climatique (14/08/2019)
Rosanne Aries
Eric Birlouez s’est exprimé à l’occasion d’une journée organisée par le GFDAR (groupement féminin du développement agricole et rural) de la Seine-Maritime. Un lieu de dialogue très intéressant pour remettre les pendules à l’heure, puisqu’il rassemble autant d’agricultrices (et agriculteurs) que de personnes vivant en zone rurale. © R. Aries/GFA
Émission de gaz à effet de serre, produits phytosanitaires, viande, etc. Tous les sujets ont été évoqués sans tabou. © R. Aries/GFA
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