Comment réagissez-vous face aux intrusions et agressions contre des éleveurs ?
L’attaque chez un éleveur n’est pas admissible. La Confédération paysanne ne peut accepter que sous couvert d’une lutte contre le système intensif, on s’attaque à l’intégrité d’une personne, d’une famille d’éleveurs. La désobéissance civile s’attaque à un système et non aux personnes.
Pouvez-vous partager le combat contre l’élevage intensif de L214 ?
Il n’y a aucun dialogue possible avec les abolitionnistes. Nous savons qu’ils luttent contre tout élevage, quelle que soit sa forme. On ne peut pas signer une tribune avec eux. Ils se trompent clairement de combat. Notre discours est contre l’industrialisation de l’agriculture. Eux entrent par la porte du bien-être animal mais oublient de condamner l’industrialisation dans sa globalité.
Ils disent se soucier d’éthique mais avancent en masquant leur but final : la fin de tout élevage. Il n’y a pas de lutte contre le dérèglement climatique sans élevage, sans pastoralisme, sans occupation de nos territoires. Il y a une urgence sociale, une urgence climatique. Eux, leur but, c’est qu’il n’y ait plus d’animaux. La « clean meat » ou viande cellulaire qui remplacerait la viande, est issue du modèle industriel ultralibéral.
Quelles évolutions espérez-vous ?
Nous ne parlons pas tant du bien-être animal que la bientraitance dans sa globalité : remettre l’humain en lien avec l’animal, avec le territoire. L’animal est un partenaire qui doit pouvoir exprimer son caractère d’animal. Nous regrettons la perte du lien au sol, à l’animal. Nous travaillons sur le nombre d’éleveurs, la taille des outils, y compris des abattoirs qui se sont éloignés de la production en grossissant. Nous participons actuellement à l’expérimentation sur l’abattage à la ferme ou en proximité.
Vous participez aux marches pour le climat. Comment réagissez-vous aux nombreuses mises en cause de l’élevage ?
Nous sommes dans les marches pour le climat parce que l’élevage n’est pas le problème mais une solution avec des systèmes cohérents. Nous ne nous défaussons pas de nos responsabilités. Nous disons aux écologistes, en particulier d’Europe Écologie-Les Verts, qu’il n’y aura pas d’écologie sans paysannes et paysans.
La question est de produire mieux avec davantage de paysans sur les territoires, avec des systèmes respectueux de l’environnement et du climat. Cela ne se fera pas sans paysans et sans élevage. La parole paysanne n’est pas portée dans ces mouvements. Que l’on arrête de penser à notre place.
À lire aussi notre article sur Emilie Jeannin, une éleveuse engagée dans l’expérimentation de l’abattage à la ferme.