Territoire Plaidoyer pour l’abattage de proximité
La Confédération paysanne, épaulée par des réseaux de consommateurs, veut reprendre la main sur la fin de vie des animaux. Elle défend le maintien d’abattoirs de proximité sur le territoire.
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Face à un « monde de l’abattage encore plus concentré que le monde paysan », la Confédération paysanne organisait le 1er février 2021, une visite de ferme dans l’Ain pour plaider en faveur de l’abattage de proximité. « L’abattage est le prolongement de ce qu’on met en place sur nos fermes en matière de bien-être animal, mais aussi de lien au sol et d’autonomie, explique Nicolas Girod, porte-parole national du syndicat. Or il y avait presque 400 abattoirs de boucherie en France en 2003, à peine 250 aujourd’hui. Cela rallonge les trajets et remet en cause notre lien avec nos animaux et avec nos territoires. »
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Peu de multi-espèces
Au problème du nombre d’abattoirs se greffe celui de leur spécialisation. Dans le département de l’Ain, qui peut se vanter d’en avoir gardé quatre, il n’est déjà plus possible d’abattre des caprins, note Olivier Coche, associé de la Ferme de la Tour où se déroulait la visite.
Son autre souci vient de l’inadéquation entre les outils d’abattage et les animaux issus d’élevages comme le sien : extensif, en race rustique et tourné vers la vente directe. « En porcs, tout est calibré pour des porcs de 80-90 kg de carcasse. Nos porcs à 120 kg sont trop gros ! Et en bovins, les cornes de nos vaches highlands posent un problème. »
Des consommateurs qui posent des questions
De leur côté, les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés. « Chaque semaine, des clients nous interrogent sur l’abattage », témoigne Alice Courouble, la seconde associée de la Ferme de la Tour.
Le réseau Amap d’Auvergne-Rhone-Alpes s’est même plongé dans ce dossier depuis deux ans aux côtés de la Confédération paysanne. Avec le réseau Fadear, ils ont coédité en septembre 2020 un recueil d’expériences d’abattoirs paysans… Preuve que des alternatives sont possibles !
En autorisant l’expérimentation des abattoirs mobiles, via la loi adoptée après les États-généraux de l’alimentation, « l’État a entrouvert une porte », se félicite Nicolas Girod, qui rappelle aussi qu’une partie du fonds de relance est fléchée vers les abattoirs. « Mais seuls les dossiers parfaitement ficelés peuvent espérer avoir des financements. Or les projets d’abattoirs paysans sont très peu accompagnés par l’Administration. »
Bérengère LafeuillePour accéder à l'ensembles nos offres :