Nuisibles Réorganiser la lutte contre le ragondin
La population de ragondins dans l’Ille-et-Vilaine explose avec des conséquences désastreuses. Les piégeurs manquent à l’appel.
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Pierre-Yves Lairy est éleveur de bovins à Rannée (Ille-et-Vilaine) avec de nombreuses parcelles en bordure de cours d’eau. Depuis plusieurs années, il est envahi par les ragondins. « Cette année, j’en ai piégé 120 en 4 mois sur une bande de 300 m », raconte-t-il. En 2018, il a perdu une génisse charolaise qu’il suspecte d’avoir attrapé la leptospirosevia les rongeurs.
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Des dégâts aux cultures
Outre des problèmes sanitaires sur les bovins (avortements par exemple), ces animaux font aussi des dégâts aux cultures (maïs, blé, herbe) et causent une dégradation des berges.
Leur recrudescence est confirmée par la FGDON 35 (1). « D’après nos décomptes, plus de 35 000 animaux devraient être capturés cette année, contre 15 000 à 20 000 habituellement », détaille Cyrille Lejas, directeur de la FGDON 35.
« Depuis vingt ans, la lutte s’organise avec des piégeurs bénévoles, pour l’essentiel des chasseurs, dont la population vieillit et n’a pas été renouvelée, prévient-il. On compte 800 piégeurs dans le département contre 1 800 dans les années 2000. Il y a eu l’interdiction du piégeage pendant le premier confinement (près de 100 jours) qui a fait exploser la population. »
« Un couple de ragondins peut engendrer près de 90 petits en deux ans, rappelle Cyrille Lejas. Les hivers moins rigoureux et l’abondance de nourriture toute l’année via les couverts végétaux y contribuent aussi. »
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Classé comme nuisible
La lutte contre le ragondin, classé comme nuisible, est de la responsabilité du propriétaire (ou de son locataire) pour les animaux présents chez lui ou dans le cours d’eau s’il relève du domaine privé.
« Une chose est sûre : bientôt, il n’y aura plus de main-d’œuvre qualifiée suffisante pour assurer le piégeage, estime Cyrille Lejas. Exploitants agricoles et propriétaires d’étangs doivent agir, tout comme ils le font contre les autres prédateurs tels que les corbeaux ou les choucas. »
L’objectif serait d’avoir davantage de techniciens sur le terrain pour venir les conseiller et leur prêter du matériel de piégeage. Ceux-ci pourraient être financés en partie par les collectivités en intervenant sur le domaine public. « Si l’effort est partagé, on peut espérer avancer. »
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Isabelle Lejas
(1) Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.
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