Les semis de maïs sont en cours dans le Finistère, il n’y a donc pas encore de dégâts visibles pour l’instant. Et pourtant, les choucas sont déjà là. « La semaine dernière, j’ai refait une pâture en finissant le travail avec le rouleau. Ils ont retourné toutes les mottes de terre pour attraper des graines et des vers », raconte Arnaud Porhel, agriculteur à Plounevez-Lochrist.
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Ils s’attaquent au maïs
Les corvidés nichent dans un bois juste à côté. L’an passé, Arnaud Porhel a ressemé 2 hectares de maïs. Son voisin, qui a dû recommencer par deux fois, « a fini par mettre de l’herbe ».
En 2019, dans ce département, les corvidés ont occasionné des dégâts sur plus de 1 500 hectares, pour un montant estimé à quelque 665 000 euros.
Ils s’attaquent au maïs, aux céréales, mais également aux productions de légumes. Si corbeaux et corneilles peuvent être piégés et chassés, ce n’est pas le cas du choucas des tours, une espèce protégée. L’oiseau est présent dans tout le département et serait responsable de la moitié des dégâts.
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Tirs dérogatoires
« L’année dernière, compte tenu des dommages, la préfecture a autorisé douze mille tirs dérogatoires », explique Raymond Le Borgne, chasseur et membre de l’association Prever (1). Un projet d’arrêté devrait reconduire ce nombre d’ici à la fin de l’année.
À Plounevez-Lochrist, les agriculteurs ont proposé aux chasseurs de financer l’achat de cartouches. La commune comprend plus de quatre-vingts exploitations et a comme particularité d’avoir quatre Cuma sur son territoire. « Nous nous sommes mis d’accord au niveau de chaque coopérative de matériel », explique Arnaud Porhel qui est président de celle de Guerveur.
5 euros par personne
« Les adhérents ont participé à hauteur de 5 euros par personne, poursuit Arnaud Porhel. Nous avons réuni 540 euros. Nous nous sommes inspirés de la commune de Plabennec, où la caisse locale de Groupama a aidé à financer les munitions. »
Et Raymond Le Borgne d’ajouter : « Même s’il n’y a pas d’indemnisation, il est important que les agriculteurs déclarent les dégâts causés dans leurs parcelles. » L’objectif est de fournir des données justifiant l’augmentation des destructions pour demander des mesures de lutte supplémentaires, notamment le classement en nuisible réclamé par la profession.
Isabelle Lejas
(1) Association œuvrant pour valoriser et défendre le milieu rural.