Le Brésil veut redorer l’image de son agriculture
L’association pour le commerce extérieur du Brésil a organisé une conférence à l’ambassade à Paris sur le thème de la durabilité agricole et alimentaire. Une manière de défendre les vertus de l’agriculture brésilienne.
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Les longues négociations entre l’Union européenne et le Mercosur sont loin d’avoir redoré l’image de l’agriculture brésilienne dans les discussions. Pour tenter de contrebalancer cette mauvaise réputation, l’association de promotion du commerce extérieur brésilien (Apex) a organisé le 20 octobre 2023 à Paris une conférence sur la durabilité de l’agriculture de l’alimentation au Brésil.
Rassurer par les chiffres
Participant à la table-ronde organisée pour l’occasion, Felipe Spaniol du principal syndicat agricole brésilien, CNA, n’a pas occulté les difficultés du dialogue entre la France et le Brésil au sujet de l’agriculture : « Nous avons une longue relation mais nous nous connaissons peu. » Par quelques chiffres, il a tenté de casser l’image de gigantisme de l’agriculture brésilienne. « Il y a aujourd’hui 5 millions d’exploitations agricoles au Brésil mais la plupart sont de petites structures, avec moins de 50 hectares », a-t-il argumenté.
Toujours par le chiffre, Felipe Spaniol a tenté de nuancer la menace exportatrice. « Le Brésil est le troisième exportateur mondial mais seulement 20 % de la production brésilienne est exportée, le reste c’est de la consommation domestique », a-t-il précisé.
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Mais le thème principal de cette matinée était bien la durabilité de l’agriculture brésilienne. Sur la question des pesticides notamment, Felipe Spaniol a voulu justifier la troisième place du Brésil au classement des plus gros consommateurs du monde. « Nous faisons deux, voire trois récoltes par an, c’est logique que nous utilisions plus de pesticides ». Avant d’ajouter : « N’oubliez pas que nous sommes un pays tropical, les choses que nous affrontons sont très différentes. Nous ne pouvons pas toujours nous comparer », a-t-il plaidé.
« Mais nous continuons de progresser. Nous sommes de plus en plus efficaces grâce à la science et ça limite notre impact sur l’environnement. C’est le cas en réhabilitant les pâturages dégradés, en faisant de l’intégration entre cultures et agroforesterie par exemple, ou encore avec les biostimulants. Nous sommes en transition », a-t-il ajouté.
De son côté, Evandro Gussi, dirigeant de la puissante filière de la canne à sucre Unica, a mis en avant les progrès réalisés par son industrie. « Nous avons beaucoup progressé sur les rotations dans les cultures de canne en introduisant de la production d’arachide », a-t-il avancé. Et pour relativiser le poids de sa filière, il a lui aussi avancé un chiffre : « Ça pourrait vous surprendre, mais la culture de canne occupe seulement 1 % du territoire brésilien. »
Les renégociations en travers de la gorge
Les négociations commerciales entre l’Europe et le Mercosur ont naturellement été évoquées par les participants. « Nous pensions qu’il y avait un accord en 2019, mais l’Europe a reculé », a regretté Felipe Spaniol. Il a ensuite listé les points d’achoppement comme le pacte vert plus ambitieux pour l’environnement en Europe ou les barrières carbone aux frontières qui refroidissent les discussions. « Sur la déforestation aussi, c’est un problème, les Européens ne distinguent pas la déforestation légale et illégale. Nous voyons cela comme des barrières avant tout punitives », s’est lamenté Felipe Spaniol.
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Mais la porte est loin d’être fermée pour autant. « Nous avons rencontré la DG du commerce de la Commission européenne il y a deux semaines et les négociations continuent. De notre côté, nous continuons de défendre l’ouverture commerciale, il a encore la place pour un accord », a analysé Felipe Spaniol.
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