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Les agriculteurs canadiens plongés dans le chaos de Trump 2.0

La guerre commerciale lancée par Donald Trump met les filières canadiennes dans l'incertitude

La guerre commerciale lancée par Donald Trump met les filières canadiennes dans l’incertitude

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À peine arrivé à la Maison Blanche pour un deuxième mandat, Donald Trump signait le 1er février 2025, un décret imposant des droits de douane de 25 % sur tous les produits canadiens et mexicains, taxes suspendues aussitôt pendant 30 jours. Le 4 mars, le président américain déclenche officiellement une guerre commerciale avec son principal allié et partenaire, le Canada, dont l’économie est étroitement imbriquée avec celle du Goliath américain.

Un commerce bilatéral généralement équilibré

Si le Canada est le huitième exportateur de denrées de la planète, quelque 60 % de toutes ses exportations agroalimentaires sont absorbées par les États-Unis. Et 50 % des ses importations agroalimentaires proviennent de chez l’oncle Sam. Le commerce bilatéral agroalimentaire, généralement très équilibré entre les deux pays, se chiffre à plus de 74 milliards $ CAD (48 milliards d’euros).

Dans les prairies canadiennes, les exportateurs et producteurs de canola sont durement frappés par ces droits de douane de 25 %. En 2024, les exportations de canola (semences, tourteaux, huile) se sont chiffrées à 14,5 milliards $ CAD (9 milliards d’euros), dont plus de la moitié était destinée aux États-Unis.

« Un casse tête » pour la filière du bœuf

Quant aux exportations de viande de bœuf canadien, autre produit emblématique des prairies canadiennes, elles se chiffraient à un record de 5 milliards $ CAD (3 milliards d’euros) en 2023, dont 80 % étaient destinées aux États-Unis. « Ce tarif est un véritable casse-tête, car la filière du bœuf est très intégrée. Les animaux traversent la frontière canado-américaine pour être élevés dans des parcs d’engraissement ou se faire abattre dans les abattoirs d’un pays ou de l’autre », souligne Pascal Thériault, agroéconomiste et professeur au collège MacDonald à l’université McGill.

Certaines provinces comme le Nouveau-Brunswick ou l’île du Prince-Édouard exportent plus de 80 % de leurs denrées agroalimentaires au sud de la frontière. Le Québec, lui, en est tributaire à 70 %. « Les dommages causés par le tarif américain de 25 % sur le sirop d’érable et la viande de porc sont à surveiller », poursuit Pascal Thériault. La province de Québec est la plus grosse productrice et exportatrice de viande de porc.

Les exportations de cette viande ont atteint 1,6 milliard $ CAD (1 milliard d’euros) en 2023, dont le tiers est destiné aux États-Unis. La province est aussi le plus gros producteur et exportateur de sirop d’érable. La valeur des exportations du produit emblématique frise les 600 millions $ CAD (387 millions d’euros), dont 60 % sont destinés aux États-Unis.

Le pays riposte

Un enjeu de taille touche les importations et exportations de produits laitiers négociées dans l’ACEUM (accord Canada États-Unis Mexique), sous l’égide du président Trump durant son premier mandat. Elles risquent de subir encore plus les relations entre les deux pays au moment où la balance commerciale de ces produits est nettement en faveur des États-Unis.

En 2024, les importations de produits laitiers américains au Canada se chiffraient à 883 millions $ CAD (570 millions d’euros), soit plus du double des exportations de produits laitiers canadiens vers les États-Unis d’une valeur de 358 millions $ CAD (231 millions d’euros). « Il faut s’attendre à ce que le président Trump exige de nouvelles concessions du Canada », poursuit Pascal Thériault.

Le pays a riposté aux tarifs du président Trump en instaurant un tarif de 25 % sur une valeur de 30 milliards $ CAD (19 milliards d’euros) en ciblant entre autres des produits alimentaires importés des États-Unis, comme le jus d’orange ou le bourbon fabriqués dans des États républicains comme la Floride et le Kentucky.

Le président américain a prévu de mettre en place une salve de tarifs de rétorsion à partir du 2 avril, qui touchera le Canada, mais également tous ses partenaires commerciaux. Bien malin celui qui peut prédire l’issue de cette guerre commerciale sauf pour dire qu’elle est « stupide ». Chose certaine, pour les agriculteurs et les transformateurs agroalimentaires canadiens, le choc est brutal. Sous Trump 2.0, le mot d’ordre est la diversification des marchés.

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