Après la sylviculture, l’acier et l’aluminium, c’est donc sur les produits agricoles que Donald Trump a jeté son dévolu. Hier, le 3 mars 2025, sans un message posté sur son réseau social Truth Social, il a invité « les grands agriculteurs des États-Unis » à se préparer à « produire beaucoup plus de produits agricoles pour les vendre à l’intérieur des États-Unis. Des produits importés seront taxés le 2 avril ».

Fin de l’ultimatum pour le Mexique et le Canada

Hier également, Donald Trump a mis fin aux espoirs d’un accord de dernière minute avec le Canada et le Mexique pour éviter des droits de douane. Il a également signé un décret visant à augmenter de 20 % les taxes sur les produits chinois. « Il n’y a plus de marge de manœuvre pour le Mexique et le Canada. Les droits de douane sont un fait. Ils entreront en vigueur demain (mardi) », a assuré Donald Trump à des journalistes à la Maison Blanche.

En février, le locataire de la Maison blanche annoncé de droits de douane généralisés sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, les accusant de ne pas suffisamment lutter contre l’immigration clandestine et le trafic de stupéfiants. Il leur avait ensuite donné un sursis de 30 jours qui a expiré dans la nuit de lundi à mardi.

La Chine riposte

Ce mardi 4 mars 2025, la Chine a riposté. Pékin a annoncé des droits de douane supplémentaires sur une série de produits américains : 15 % sur le poulet, le blé, le maïs et le coton américains entrant en Chine. D’autres produits américains importés tels que le sorgho, le soja, le porc, le bœuf, les produits de la mer, les fruits, les légumes et les produits laitiers feront l’objet d’une taxe supplémentaire de 10 %.

« Washington, en agissant unilatéralement, porte atteinte au système commercial multilatéral » et « fragilise les bases de la coopération économique et commerciale entre la Chine et les États-Unis », a justifié le ministère chinois des Finances dans un communiqué. Les nouvelles taxes entreront en vigueur après le 10 mars 2025. Pékin a aussi annoncé l’ajout de quinze entités américaines à la liste de contrôle des exportations. Ces entités « nuisent à la sécurité nationale et aux intérêts de la Chine », précise un communiqué du ministère chinois du Commerce.

Ottawa promet de taxer certains produits américains

Estimant que « rien ne justifiait ces mesures » américaines, le Canada va également mettre en place des droits de douane de 25 % sur certains produits américains, pour un montant total de 155 milliards de dollars canadiens. De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a, elle, déjà assuré que le Mexique avait « un plan A, un plan B, un plan C et un plan D » contre ces nouvelles taxes.

Aux États-Unis, la perspective des droits de douane commence toutefois à inquiéter les Américains, tant les consommateurs que les entreprises. Signe de la nervosité des marchés, la Bourse de New York a terminé en forte baisse lundi, les indices s’enfonçant dans la foulée des déclarations du président américain concernant les surtaxes sur le Canada et le Mexique.

Des industriels américains inquiets

Fin février, deux indices de confiance des consommateurs ont plongé, plombés par la crainte d’un rebond de l’inflation. Celle-ci peine à revenir vers les 2 % visés par la Réserve fédérale (Fed) et a même progressé légèrement fin 2024. Une donnée essentielle, alors que le président américain doit principalement sa victoire à sa promesse de faire baisser les prix et d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages.

Lundi, la publication de l’indice ISM de la production industrielle s’est accompagnée de commentaires sur la crainte, dans un certain nombre d’industries, de voir les droits de douane devenir une nouvelle réalité. « Les hausses de prix se sont accélérées en raison des droits de douane, ce qui a entraîné des retards pour passer de nouvelles commandes, des arrêts de livraison de la part des fournisseurs et des répercussions sur les inventaires », a souligné Timothy Fiore, un responsable de l’ISM.

Des industriels de la chimie, des transports, des machines-outils ou encore de l’agroalimentaire commencent ainsi à mentionner de plus en plus ouvertement l’impact des droits de douane sur leur activité.