Viser 5 % de restes pour des vaches laitières avec une ration à volonté
En système en bâtiment avec des rations riches en amidon, il est important de nourrir les vaches laitières à volonté pour limiter les pertes d’efficience alimentaire et les déviations fermentaires.
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« Entre 54 kg et 58 kg de matière brute par vache, on ne voit pas de différence à l’œil nu ! » s’exclame Julien Jurquet, responsable de projets en alimentation et nutrition des vaches laitières à l’Institut de l’élevage (Idele). Pourtant, dans un cas, les vaches disposent d’une ration à volonté, dans l’autre non. Une nuance qui peut entraîner une baisse de l’efficacité alimentaire et se traduire par plusieurs litres de lait en moins.
Pour garantir un accès à volonté, Dominique Landais, consultant en nutrition et robot chez Seenovia, recommande de respecter la règle des 5 % de restes sur la ration à l’auge. Un conseil rappelé lors des portes ouvertes de la ferme expérimentale des Trinottières, le 1er avril. « Cela peut paraître impressionnant car à l’échelle d’un troupeau de 100 vaches, c’est 250 à 300 kg brut de restes à enlever chaque jour, mais cela évite les baisses de performances », rassure-t-il. Outre les robots d’alimentation qui calculent directement les quantités pour être à volonté, les éleveurs équipés de mélangeuses peseuses « peuvent peser les restes avant de les distribuer aux génisses par exemple ». Sans pesée, les 5 % sont difficiles à évaluer.
En cas de manque à l’auge, le comportement des laitières change du tout au tout. Grâce à des caméras « timelapse » installées en bâtiment chez des éleveurs, Dominique Landais a repéré ce qui coince : « Les vaches se conditionnent au manque rapidement. Lors de la première distribution du jour, elles mangent beaucoup, plus que si elles sont à volonté. »
Résultat, le risque de déviations fermentaires et donc d’acidose augmente sur les rations riches en amidon de systèmes en bâtiment. Autre désavantage, les vaches se lèvent fréquemment lors des repousses ou des autres distributions journalières, empêchant la rumination et la production de lait. Les primipares venant d’intégrer le troupeau peuvent manquer encore plus que les autres. Pour être fixé, il suffit d’observer le troupeau lors d’une repousse : « Plus de 10 % d’animaux qui se lèvent et vous savez que le troupeau n’est pas à volonté », explique Dominique Landais.
Reconditionner les restes
Ces 5 % de restes ne sont pas perdus. Dominique Landais conseille de les reconditionner pour les génisses ou pour des animaux aux besoins moindres, comme le début de tarissement, avant de jeter les refus. Pour Julien Jurquet, il semble logique d’assurer une ration à volonté pour gagner quelques kilos de lait, plutôt que de tout miser sur des concentrés coûteux.
« Être un fou de la repousse est inutile », continue le responsable. Une première repousse 10 heures après la distribution suffit. Si les vaches sont à volonté, « elles ne mangeront pas plus, quel que soit le nombre de repousses ou de distributions ». L’occasion de rappeler pour Dominique Landais que les robots d’alimentation permettent d’augmenter la production uniquement dans les élevages où la ration n’était pas à volonté. « Si vous étiez déjà à volonté, vous resterez stable en production. »
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