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Renforcer la lutte contre les violences conjugales en milieu rural

En France, près de la moitié des féminicides ont lieu à la campagne, alors qu’un tiers de la population y vit.

Une députée vient de déposer une proposition de loi visant à améliorer la protection des victimes de violences conjugales en zone rurale. En ce 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, cette initiative met en lumière la situation particulièrement critique des femmes vivant dans des territoires isolés.

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La députée de la Haute-Vienne, Manon Meunier (LFI), a déposé à l’Assemblée nationale, le 18 novembre 2025, une proposition de loi visant à « renforcer la lutte contre les violences conjugales dans les territoires ruraux ». Déposée quelques jours avant le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, cette initiative met en lumière la situation particulièrement critique des femmes vivant à la campagne, où 47 % des féminicides sont recensés alors que ces territoires ne regroupent qu’un tiers de la population. Ces victimes sont pourtant sous-représentées parmi les personnes qui accèdent aux dispositifs d’aide.

Isolement géographique, social et économique accru

Cette proposition de loi rappelle combien les femmes rurales restent confrontées à un isolement géographique, social et économique accru : éloignement des services publics, manque d’anonymat, difficultés de mobilité, précarité plus forte ou encore présence plus fréquente d’armes à feu. Pour élaborer cette proposition, la députée Manon Meunier s’est appuyée sur un travail participatif mené notamment en Haute-Vienne.

Renforcer la prévention et l’éducation

L’un des leviers mis en avant par le texte vise à consolider la prévention tout au long du parcours éducatif. Il prévoit la bonne application des formations sur l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il renforce les obligations des associations sportives et des associations reconnues d’utilité publique en la matière. Enfin, il modifie les devoirs et droits des époux afin d’y inclure explicitement le respect de l’intégrité physique et morale.

Mieux détecter les violences et structurer un réseau local

La proposition de loi veut élargir la liste des professionnels formés à la lutte contre les violences, renforcer la formation des élus locaux et propose la création, à titre expérimental, de comités de vigilance dans les territoires ruraux volontaires. L’objectif est d’améliorer le repérage des situations et de favoriser la circulation de la parole dans des zones où une moindre confidentialité freine les signalements.

Faciliter l’accès aux dispositifs d’urgence

Enfin, le texte aborde l’accès aux droits et la protection. Il établit ainsi une campagne nationale d’information. Il renforce l’accès aux dispositifs en rendant obligatoire l’affichage du 3919 (numéro gratuit et anonyme destiné aux personnes victimes de violences conjugales, accessible 24 heures/24 et 7 J/7) dans les communes rurales et en créant des bus itinérants chargés d’informer, d’accompagner et de recueillir la parole.

Enfin, la proposition de loi prévoit une aide financière d’urgence au niveau du seuil de pauvreté, le développement d’hébergements d’urgence dans les zones rurales, et la saisie systématique des armes à feu de l’auteur présumé. La date d’examen de cette proposition de loi à l’Assemblée nationale n’a pas encore été fixée.

Des milliers de manifestants ont défilé à l'occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Ici à Paris le 22 novembre 2025. (©  Eric Broncard/Hans Lucas)

Deux autres initiatives : une parlementaire et une gouvernementale

De son côté, la députée socialiste Céline Thiébault-Martinez a déposé le lundi 24 novembre 2025 à l’Assemblée nationale une proposition de « loi intégrale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants ». Ce texte, cosigné par 109 députés de huit groupes politiques, est issu de travaux transpartisans lancés en janvier dernier. Il prévoit 78 mesures couvrant la justice et la police, la protection des enfants, la santé, le travail et la lutte contre les cyberviolences.

Quant à la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, elle vient d’annoncer qu’un projet de loi-cadre sur les violences faites aux femmes et aux enfants est « prêt ». Il comporte 53 mesures.

En 2024, 107 femmes ont été victimes de féminicides en France, selon les données de la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof). Soit une augmentation de 11 % entre 2023 et 2024. Selon la Fédération nationale des victimes de féminicides, au 23 novembre 2025, 88 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints depuis le 1er janvier 2025.

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