Éleveuse de brebis allaitantes et poules pondeuses à Rive-de-Gier dans la Loire, Laura Chalendard se bat à son niveau contre les violences sexistes et sexuelles qui n’épargnent pas sa profession. Très présente sur le réseau social Instagram depuis son installation en 2019 à la ferme de la Micale, elle y raconte son quotidien d’agricultrice. En avril 2023, elle a créé un deuxième compte, baptisé #metooagricole, pour relayer des témoignages anonymes d’agricultrices et futures agricultrices ayant subi du sexisme ou des agressions sexuelles dans le cadre de leur métier.

L’éleveuse a été sensibilisée très tôt aux luttes féministes grâce à des figures maternelles familiales fortes. « Ma grand-mère, qui a repris ses études à 40 ans après une première vie de mère au foyer, nous a transmis ma sœur et moi des valeurs d’émancipation à travers le travail et l’indépendance. » Indépendante, Laura l’a toujours été. Aujourd’hui, celle qui n’est pas d’origine agricole mène sa barque seule, après avoir envisagé s’associer avec son ancien patron pour finalement faire marche arrière. « Je sentais que je n’allais pas réussir à trouver ma place dans la structure. »

Un espace d’expression

C’est à la suite d’une agression que Laura a ouvert ce nouveau compte Instagram. La trentenaire, dont la plainte a été classée sans suite, a trouvé un certain réconfort à témoigner pour obtenir — à défaut de justice — une certaine reconnaissance sociale. « Je me suis dit que cet espace d’expression pourrait faire du bien à toutes les femmes concernées par des violences sexistes et sexuelles. » Aujourd’hui, elle souhaite y mener une réflexion plus profonde sur les facteurs qui entretiennent les inégalités de genre dans le milieu agricole, perceptibles selon elle dès l’enseignement.

« J’ai manqué de représentations dans lesquelles les femmes étaient à la tête de leur exploitation et pas seulement des épouses associées à leur mari. » Elle estime aussi avoir de « grosses lacunes sur le matériel » en raison du travail « genré » qui lui a été confié durant ses années de salariat. Malgré les difficultés, cette maman d’une petite fille n’a jamais douté de sa vocation et s’épanouit pleinement auprès de ses animaux et dans ce métier.