« Je lutte contre l’ambroisie grâce au pâturage de mes brebis »
Sur ses terres et celles de voisins céréaliers, l’éleveur de brebis Thierry Chanut fait pâturer l’ambroisie à feuilles d’armoise par son troupeau. Une gestion relativement efficace.
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« L’ambroisie à feuilles d’armoise est partout dans le Lot ! s’exclame Thierry Chanut, éleveur à Montlauzun. C’est une vraie plaie… » Il a trouvé une solution pour participer à la gestion de cette adventice allergisante : il la fait pâturer par ses brebis depuis sept ans. Dans ses 90 ha de prairies, « l’ambroisie ressort très peu, parce que le sol est couvert. » Ce qui n’empêche pas le troupeau de passer et de faire son œuvre sur l’ambroisie.
Mais l’éleveur propose surtout à de nombreux céréaliers locaux de les aider à combattre ce fléau. « 10 ou 15 jours après la moisson, je passe avec mon troupeau. Et là, c’est idéal : les brebis ne laissent rien. » Ce d’autant plus, assure-t-il, que ses brebis, des causses du Lot, sont « rustiques, donc elles prennent le temps de grignoter. » Quand la plante est plus grande, « les animaux la mangent moins. Si la tige est trop grosse, elles ne mangent que les feuilles », reprend-il.
La difficulté, voire l’impossibilité, est alors de répondre à la demande de ses nombreux contacts qui aimeraient que les brebis viennent pâturer l’ambroisie dans les quelques semaines qui suivent la récolte. « J’y vais quand je peux : c’est de moins bonne qualité mais ce n’est jamais trop tard. »
« Pas un coût mais un gain »
Il faut dire que « le pâturage est intéressant pour l’agriculteur. Il n’a pas de tracteur à passer, souligne Thierry Chanut. Pas besoin de broyeur, d’user les couteaux, d’utiliser du carburant… Et si on peut éviter la chimie, ce n’est pas plus mal… » Autre avantage : les bêtes défèquent, apportant de la matière organique au sol. Sans oublier que « les brebis passent partout, jusqu’au bord des parcelles », se félicite l’éleveur. Bref, « au lieu que la lutte contre l’ambroisie coûte à l’agriculteur, elle lui rapporte ! »
Le gain pour l’éleveur est bien sûr non négligeable également, avec de la nourriture gratuite. Y compris dans les périodes les plus sensibles. Il se souvient : « En 2022, il faisait très sec. Il n’y avait que l’ambroisie dans les champs et les brebis la mangeaient. C’est une manne, qu’on le veuille ou non. »
Cela d’autant plus que Thierry Chanut tente de faire pâturer chaque parcelle deux fois par été (dix jours par champ, en espaçant d’au moins 21 jours pour des raisons de parasitisme). Anne-Marie Ducasse, coordinatrice régionale de la lutte contre les ambroisies à la Fredon Occitanie, détaille : « Il faut deux ou trois passages durant l’été pour empêcher que l’ambroisie fasse des fleurs et des graines. Donc, si le troupeau ne revient pas pâturer suffisamment, c’est à l’agriculteur de s’en occuper. »
Si le pâturage de l’ambroisie retarde la date de pousse, « attention aussi car plus elle est stressée, plus elle arrive rapidement à floraison et à grenaison », éclaire la spécialiste. Et elle conclut : « Si on s’y tient, à la longue, on épuisera le stock de graines présentes dans le sol… »
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