« On n’est pas là pour régler définitivement le problème de l’ambroisie, mais pour faire au mieux, souligne Ingrid Barrier, conseillère en grandes cultures à la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne. Ce n’est pas la révolution, mais il y a des nouveautés qui peuvent aider dans la lutte. » La chambre consulaire organisait donc récemment une rencontre avec des agriculteurs et différents acteurs du combat contre cette plante invasive et allergisante.
Ravageur naturel et désherbage électrique
L’un des espoirs porte sur la chrysomèle de l’ambroisie. Repéré en France pour la première fois l’an dernier, cet insecte est un « mangeur d’ambroisie à feuilles d’armoise », indique Philippe Mannella, du CPIE Quercy-Garonne, opérateur en ambroisie pour les agences régionales de santé (ARS) du Tarn-et-Garonne et du Lot.
Selon l’observatoire de l’ambroisie, Ophrella communa attaque l’adventice « avec une incidence comprise entre 90 % et 100 %. En conséquence, on constate la diminution de la production de grains de pollen et de semences. Dans la région de Milan, les émissions de pollen ont ainsi chuté de 80 %. »
En effet, éclaire Ingrid Barrier, « les larves mangent les feuilles. Cela limite grandement la photosynthèse de l’ambroisie, la rend plus vulnérable, elle émet moins de pollen ». Philippe Mannella signale que « des études sont en cours pour voir si cette chrysomèle n’est pas prédatrice d’autres cultures ou d’autres insectes », avant de potentielles introductions de populations importantes.
Une autre étude, dans le Gard, « a montré des résultats du désherbage électrique plutôt prometteurs, rapporte Ingrid Barrier. Le courant électrique fait éclater les vaisseaux de la plante. ». Avec plusieurs limites : cette technique semble être payante sur des ambroisies de petite taille, mais ne peut être appliquée que dans un champ sans culture en place et doit encore être « optimisée et étudiée », estime la Fredon dans un article publié en septembre 2024.
Plateforme de signalement
Au rayon du désherbage chimique, « le Viballa peut avoir son efficacité, notamment sur le rang de tournesol, où la lutte est difficile », témoigne Ingrid Barrier. Cet herbicide lancé par Corteva Agriscience est disponible depuis le printemps 2023.
Finalement, l’un des moyens de lutte les plus performants est peut-être la coordination des acteurs. Dans le Tarn-et-Garonne, l’ARS, le CPIE, la chambre d’agriculture, l’État ou encore le département travaillent ensemble. Une expérimentation est ainsi menée sur 10 km d’une route départementale, en lien avec le département, les mairies et les agriculteurs.
Cela dit, insiste, Marie-Pierre Larré, chargée de mission pour l'ambroisie à la Fredon Occitanie, « pour être efficaces, il faut surtout que tous se servent de la plateforme de signalement de l’ambroisie. Ce n’est pas une plateforme de dénonciation ! Elle sert à cartographier, mieux lutter et n’est pas du tout en lien avec la DDT. »
Une autre action commune est d’ailleurs « dans les tuyaux, salue Marie-Pierre Larré. On va essayer de mettre en place des chantiers d’arrachage pour les personnes qui ont été condamnées à réaliser des travaux d’intérêt généraux. »