Prévention suicide Le réseau des sentinelles se déploie
Près de trois mille sentinelles ont été formées pour repérer et orienter les personnes en situation de fragilité.
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Le plan prévention suicide, présenté en novembre 2021 par le gouvernement, prévoit le déploiement des sentinelles dans toute la France. « À ce jour, on en dénombre 2 854. La façade ouest de la France est particulièrement dynamique. L’objectif est d’en former 5 000 d’ici à la fin de 2023 », a détaillé Magalie Rascle, directrice déléguée aux politiques sociales à la Caisse centrale de MSA (CCMSA), lors de la journée mal-être qui s’est tenue le 20 avril 2023 à Paris.
Volontaires et issues de toutes les professions (salarié MSA ou de coopérative, comptable, collègue agriculteur, retraité…), les sentinelles ont pour rôle de repérer et d’orienter au mieux les personnes en situation de fragilité. En effet, l’agriculture reste un métier qui connaît le plus fort taux de suicide : un agriculteur par jour et trois salariés agricoles tous les cinq jours.
« Souvent, on a peur de mal faire »
Pour s’engager, « il faut connaître le monde agricole et aimer les gens », a résumé Jean-Charles Blanchard. Le président de l’association Agrisolidarité/Réagir de Saône-et-Loire a insisté sur l’importance de « coordonner les actions de toutes les OPA (organisations professionnelles agricoles, NDLR) pour éviter que les situations se dégradent ».
« Souvent, on a peur de mal faire, a souligné Jean-Philippe Viguié, exploitant dans le Tarn-et-Garonne et administrateur de la MSA Midi-Pyrénées-Nord. En se formant, on s’engage pour un mieux vivre des collègues. On comprend qu’on est responsable de ce qu’on ne fait pas. »
Plateforme Agri’écoute
En complément du numéro national de prévention du suicide (31-14), les agriculteurs, les salariés agricoles et leur entourage peuvent contacter la plateforme Agri’écoute mise en place par la MSA, par téléphone au 09 69 39 29 19 ou par tchat sur agriecoute.fr (24 heures/24 et 7 J/7).
« En 2022, 2 498 personnes ont joint Agri’écoute, a indiqué Sophie Cot-Rascol, responsable de la plateforme. Les trois raisons du désarroi le plus souvent citées sont : la pression financière, les contraintes administratives et la charge de travail. On entend de plus en plus d’agriculteurs victimes du dénigrement de leur métier ou d’insultes ou évoquant une perte de sens pour leur travail. »
Aborder des sujets « tabous »
« Il faut coordonner les systèmes d’alerte », a estimé Olivier Damaisin. L’ancien député LREM, devenu coordinateur interministériel du plan de prévention du mal-être en agriculture, a indiqué sa volonté « d’aller sur le terrain » et d’aborder des sujets « tabous » comme « l’alcool, les violences intrafamiliales ou encore le célibat » en présentant ses priorités d’action pour les mois à venir.
Toutefois, Julien Rouger, membre du bureau de Jeunes Agriculteurs, suggère d’inscrire à son agenda politique le dispositif d’accompagnement du passage de relais au moment de la transmission des exploitations. « Il n’est toujours pas mis en œuvre alors qu’il est urgent. Il servira à accompagner les agriculteurs en fin de carrière parce que c’est une période difficile à vivre pour les aînés. Mais c’est aussi un moyen de sensibiliser les jeunes agriculteurs à la prise de responsabilité liée à la conduite d’une exploitation. En particulier, on sait que les quatre années qui suivent l’installation sont difficiles et peuvent engendrer du mal-être », expliquait-il.
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