Observatoire des prix et des marges Colères faisant suite à la publication du bilan 2016
Dans plusieurs communiqués, la FNSEA, JA et l’APCA dénoncent la déconnexion entre les prix dans les rayons et ceux à la production, constatée une nouvelle fois par l’Observatoire des prix et des marges.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Industriels et grande distribution sont responsables de la difficulté économique dans laquelle nous sommes », affirme avec colère le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA), à la suite du dernier rapport de l’Observatoire des prix et des marges. Présenté à la presse le 11 avril 2017, celui-ci dresse en effet un triste bilan de l’année passée : « Il n’y a pas beaucoup de producteurs qui couvrent aujourd’hui la réalité de leurs coûts de production. »
Dans ce contexte, « comment un jeune agriculteur, récemment installé et endetté pour moderniser son exploitation peut-il s’assurer une bonne santé économique et de visibilité à court terme ? », s’interroge JA. Et de tacler le comportement des acteurs de l’aval : « Ni les industriels, ni la grande distribution ne changent leur fusil d’épaule. C’est toujours vers plus de guerre des prix, de dissimulation des marges, d’opacité des résultats que nous allons. »
« Ne pas faire de l’observatoire un lieu de débat »
Comme JA, l’assemblée des chambres d’agriculture (APCA) s’inquiète de la faible part agricole dans le panier alimentaire des consommateurs : « Pour 100 euros de dépenses alimentaires, seulement 6,2 euros de valeur ajoutée reviennent à l’agriculteur » (selon des données de 2013). « Dans le contexte actuel de deuxième année consécutive de crise, une véritable coopération doit émerger entre les différents acteurs des filières », commente l’APCA.
La FNSEA s’est elle aussi fendue d’un communiqué pour dénoncer une « déconnexion entre les prix des produits agricoles et les prix à la consommation […] de plus en plus flagrante ». Pour elle, « c’est un défaut majeur de la LME qu’il faudra corriger ».
Le syndicat majoritaire ajoute cette phrase, plus étonnante, relative à l’ambiance au sein de l’Observatoire des prix et des marges : « Il ne faut pas faire de cet outil un lieu de confrontation ou de négociation entre les acteurs, encore moins un lieu de débat politique. » Peut-être une référence aux débats qui sous-tendent la désignation du futur président de l’institution. Il faut dire que face à la candidature de l’économiste Philippe Chalmin à sa succession, celle d’un autre universitaire, Olivier Mevel, attise les passions et fait de cette nomination un choix très politique. Au départ attendu après la présidentielle, le verdict devrait tomber dans les jours à venir. C’est en tout cas ce qu’espère Philippe Chalmin.
Un constat « intolérable »
La section jeune de la Coordination rurale déplore une « situation intolérable », « car elle mène les nouveaux installés à des situations économiques catastrophiques et freine les vocations, pourtant nombreuses pour notre métier », développe le syndicat dans un communiqué daté du 14 avril 2017. Il regrette par ailleurs qu’aucune solution ne soit mise en œuvre pour enrayer la tendance : la contractualisation, défendue par un grand nombre, poursuit-il, « ne peut être efficace que si un rapport de force équilibré permet de parvenir à un prix rémunérateur. Les chiffres présentés démontrent, si cela était nécessaire, que face aux géants de l’agroalimentaire ou de la distribution les producteurs pèsent peu. Les prix rémunérateurs ne sont donc pas au rendez-vous ». La CR estime que l’État et l’UE doivent prendre leurs responsabilités et interdire la vente à perte, « c’est-à-dire en dessous de nos coûts de production ».
Alain Cardinaux
Pour accéder à l'ensembles nos offres :