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Sécurité Les lanceurs d’alerte restent aux portes des fermes

S’introduire de manière illégale sur une exploitation reste donc puni pour la loi, selon la proposition de loi issue des débats du 1er février entre les sénateurs et les députés. © Jean-Michel Nossant

Sénateurs et députés ont trouvé un compromis qui protège à la fois les lanceurs d’alerte et les entreprises, dont les exploitations agricoles, lors de la commission mixte paritaire qui s’est tenue le 1er février 2022. Explications de texte avec l’un des rapporteurs, la sénatrice Catherine Di Folco.

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« Je veux battre en brèche tous les procès qui sont faits actuellement contre les travaux du Sénat : nous n’avons pas détruit le statut du lanceur », a indiqué à La France Agricole,la sénatrice Catherine Di Folco (LR), rapporteure de la proposition de loi visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte.

« Nous avons fait en sorte de concilier les intérêts. Il faut protéger les lanceurs d’alerte qui sont de bonne foi et agissent de manière licite, mais aussi les entreprises, notamment les exploitations agricoles ainsi que les grandes administrations, des personnes extérieures qui, volontairement, voudraient leur nuire. Il y a un équilibre à trouver. Et je pense que nous l’avons trouvé par le biais du travail au Sénat qui a été complémentaire à celui de l’Assemblée nationale », a poursuivi la parlementaire.

> À lire aussi : Lanceurs d’alerte, s’introduire sur une exploitation agricole reste puni par la loi (24/01/2022)

Même justice pour les facilitateurs et lanceurs d’alerte

Réunis le 1er février 2022, en commission mixte paritaire, les sénateurs et les députés se sont ainsi accordés sur le fait que l’irresponsabilité pénale des lanceurs d’alerte ne s’étendrait pas aux infractions pénales commises pour l’obtention illicite des informations. En clair, s’introduire de manière illégale sur une exploitation reste donc puni pour la loi. Un lanceur d’alerte doit rester dans la légalité pour être reconnu comme tel.

Le texte issu de la commission mixte paritaire définit par ailleurs le lanceur d’alerte comme une « personne physique qui signale ou divulgue, sans contrepartie financière directe et de bonne foi des informations portant sur un crime, un délit, une menace ou un préjudice pour l’intérêt général, une violation ou une tentative de dissimulation d’une violation d’un engagement international […], du droit de l’Union européenne, de la loi ou du règlement ».

Les personnes morales de droit privé à but non lucratif, comme les associations et les syndicats, ne peuvent en outre pas être considérées comme des lanceurs d’alerte. Toutefois, la commission mixte paritaire a rétabli la possibilité de leur octroyer le statut de « facilitateur ». « Ces facilitateurs sont protégés dès lors qu’ils respectent la loi », a expliqué la sénatrice Catherine Di Folco.

Sur la divulgation publique directe

Une alerte sera susceptible d’être interne, externe (c’est-à-dire réalisée auprès des autorités publiques) ou publique.

Dans la dernière version des parlementaires, les alertes publiques seront possibles dans trois cas :

Quant au cas du salarié qui transmettrait des images de manière illicite, « il est normalement tenu à un devoir de confidentialité par son contrat de travail ».

Nouvelles lectures sans modification

Cette version de la proposition de loi issue de la CMP doit encore faire l’objet d’un vote sans modification par l’Assemblée nationale, le 8 février 2022, et le Sénat, le 16 février 2022, avant sa promulgation.

Travaillée avec le ministère de la Justice, le Conseil d’État et les associations, ce texte porté par le député Sylvain Waserman (MoDem) et la sénatrice Catherine Di Folco (LR) transpose en droit français une directive européenne de 2019, en allant au-delà de ce qu’exige le droit européen, afin d’ajuster la loi pionnière dans ce domaine, à savoir la loi « Sapin II » votée en 2016.

Rosanne Aries

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