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Dialogue avec la société : identifier les profils d’élevages avicoles à risque

L’outil « durabilité des systèmes d’élevage avicole » permet d’identifier aussi de former les éleveurs, les techniciens et les étudiants.

Alors que les éleveurs s’inquiètent des intrusions, voire des agressions, un groupe de chercheurs issus de l’enseignement agricole, de l’Inrae et de l’Itavi, a finalisé un outil de dialogue avec la société.

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Déterminer les profils d’élevages les mieux intégrés aux demandes citoyennes et, à l’opposé, ceux qui prêtent le plus le flanc aux attaques. L’idée est venue d’un cas très local : la levée de boucliers contre l’installation d’un élevage avicole en Sarthe. Un département pourtant riche en ateliers de volailles sous label, bio ou conventionnel. Cet échec a fait prendre conscience aux acteurs locaux du besoin de mieux dialoguer avec la société.

Projet avorté

« Une association environnementale a fait capoter le projet », se rappelle Christian Peltier, enseignant chercheur, basé à la Bergerie de Rambouillet. « Ce fut un choc tant l’installation de quatre poulaillers, liée à un projet de valorisation des effluents d’élevage, avait obtenu les autorisations réglementaires, le soutien des élus municipaux et l’aval technico-économique de la filière, détaille-t-il. Mais cette association environnementale avait fait valoir ses arguments auprès du préfet ».

Christian Peltier est intervenu lors des journées de la recherche avicole de Tours (Indre-et-Loire) les 20 et 21 mars derniers. Il est à l’origine d’un nouvel outil intitulé « durabilité des systèmes d’élevage avicole » destiné à comprendre comment installer aujourd’hui un élevage avicole socialement acceptable. « Nous avons construit cette méthode pour l’aviculture mais elle est adaptable aux autres filières d’élevage moyennant quelques adaptations de formulation ».

« Durabilité des pratiques »

La démarche analyse, notamment, les interactions entre l’atelier avicole, l’exploitation dans laquele il se trouve, le territoire et les demandes de la société. Elle pointe l’importance d’une démarche cohérente. Les étudiants de BTS Acse et de licence professionnelle « Métiers de l’élevage » du lycée agricole du Mans (Sarthe), impliqués dans le projet, ont mis en évidence l’importance du critère de la proximité. « C’est un facteur de dialogue pour lutter contre les préjugés, les idées reçues et la dramatisation médiatique qui peut accélérer les phénomènes de défiance voire des actes de malveillance », souligne le chercheur.

Alimenté par des entretiens d’environ deux heures avec l’éleveur, le dispositif identifie sept profils, allant des producteurs cochant toutes les cases de la transition agroécologique (pratiques dépassant les cahiers des charges les plus ambitieux) et qui répondent donc aux demandes sociétales, à ceux qui s’avèrent réfractaires aux évolutions demandées par les citoyens. « Ces derniers, peu nombreux et souvent en difficulté, sont les plus susceptibles d’être attaqués par des activistes », pointe l’enseignant chercheur.

« Nous formulons l’hypothèse que c’est autour de la durabilité des pratiques qu’une communication plus fine, plus consciente, plus « responsable » et plus apaisée peut s’établir le diaglogue entre professionnels et leur voisinage, les associations environnementales, les consommateurs, ou les autres parties prenantes autour des questions d’alimentation, de biodiversité́ et de paysage », résume Christian Peltier.

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