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Matériels agricoles Ces femmes conçoivent des outils adaptés pour moins de pénibilité

« Ce chariot de clôture a été autoconstruit par les agricultrices », indique Charlotte Kerglonou, productrice de lait bio à Essé.

En Ille-et-Vilaine, les adhérentes du groupe féminin de l’Adage (1) ont créé un chariot de clôture et un repousse-fourrage ergonomiques.

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« Toutes les exploitations de l’Adage reposent sur des systèmes herbagers avec du pâturage. Nous avons souvent des piquets à déplacer, des fils à repositionner. Poteaux, masse, bobine de fil… Le matériel est lourd. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de construire un chariot de clôture sur roulettes pour faciliter ce travail », explique Charlotte Kerglonou, productrice de lait bio à Essé (Ille-et-Vilaine) et adhérente du groupe féminin « Les Elles de l’Adage ». Le collectif a aussi réfléchi à un repousse-fourrage qui s’attelle à la fourche du tracteur pour limiter la pénibilité du travail à la main.

En 2021, durant quatre demi-journées, un groupe de neuf femmes s’est retrouvé sur la ferme d’une des participantes pour autoconstruire leur outil tout en apprenant la soudure. Elles étaient encadrées par un formateur de l’Atelier paysan, après de nombreux échanges en amont sur les plans.

« Après avoir identifié les tâches douloureuses et répétitives lors d’une formation en ergonomie avec un kiné, ces éleveuses ont décidé d’aller plus loin et de trouver des alternatives pour prendre soin de leur corps, retrace Anaïs Fourest, animatrice à l'Adage 35. Ces sujets concernent tous les travailleurs. Mais ce sont souvent les femmes qui s’en emparent, car elles se préoccupent davantage des comportements préventifs. Dans la répartition genrée des tâches, elles ont été plus éduquées à prendre en charge le soin. »

Gagner en autonomie

Des formations à la conduite d’engins sont également prodiguées par le collectif. Elles visent à faire monter les femmes en compétences pour gagner en autonomie. « Nous avons constaté qu’à niveau de diplômes et d’expériences équivalents, un écart se creuse entre les hommes et les femmes par la pratique », explique Anaïs Fourest.

Par exemple, l’apprentissage de la conduite de tracteur ne fait l’objet d’aucune obligation dans la formation initiale ou le parcours à l’installation. Cette pratique et la manipulation des outils se font donc de manière informelle au cours des stages, des emplois ou sur l’exploitation. « Or les femmes en sont souvent exclues, soit parce qu’on ne leur propose pas, soit parce qu’elles n’osent pas le demander, poursuit l’animatrice. Les transmissions de savoir-faire sont en général assez genrées. Au final, de nombreuses agricultrices ne sont pas à l’aise avec la conduite des engins. Il y a donc un réel intérêt pour des formations spécifiques. »

Charlotte Kerglonou acquiesce et témoigne : « Fille d’agriculteur, je savais conduire un tracteur quand je me suis installée. Mais pour la mélangeuse, je me mettais des freins. Après la formation, je me suis sentie plus légitime pour me lancer. »

(1) Agriculture durable par l’autonomie, la gestion et l’environnement.

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