Travail Comment relâcher la pression

«Il y a des agriculteurs au taquet douze mois sur douze, se désole Josiane Voisin, ergonome. Ce n’est pas vivable. » François-Régis Lenoir, psychologue, déclarait il y a deux ans (1), que « l’équilibre psychosocial de tous s’articule autour de quatre sphères : personnelle, familiale, professionnelle et sociale. Lorsque la sphère professionnelle écrase les autres, elle prend un caractère obsessionnel et laisse peu d’espace à l’intime, au couple, à la vie familiale et à l’épanouissement personnel. » En ces périodes de crise, ces fragilités sont encore plus criantes. Certains auteurs parlent même d’agriculteurs « work-alcooliques », drogués du travail.

Cependant, de plus en plus d’agriculteurs, et surtout d’agricultrices, veulent épargner leur santé sans mettre en danger leur exploitation. Comme en témoigne dans la deuxième partie de ce dossier le groupe « Agriculture au féminin », qui a abordé la question sous l’angle du bien-être. C’est un premier pas remarquable. D’autres interviennent plus en amont et intègrent les conditions de travail dans la stratégie de l’entreprise. C’est le cas d’Agnès et Christophe Jouault (photo ci-contre, avec leur salarié). Ils ont trouvé dans la réflexion sur l’organisation de leur travail, dans l’anticipation de leurs plannings, une parade à ces risques.

Aujourd’hui, les conseillers en prévention poussent, à travers la nouvelle réflexion sur la « qualité de vie au travail », dans ce sens. « Quand on est paumé, on peut revenir aux fondamentaux, savoir comprendre le travail pour le transformer. Cela demande de pouvoir agir, penser, débattre », estime l’un d’entre eux, Franck Chabut (2).

(1) Inter-Afocg, journées « Cultivons le bien-être », 2014.

(2) MSA Alpes du Nord. Témoignage lors du symposium « Qualité de vie au travail » de l’INMA, le 30 septembre. Bimsa, octobre 2016.

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