Charcuterie : « On ne peut pas continuer à pressuriser les industriels »
À l’occasion des 100 ans de sa création, la Fict appelle le gouvernement et les distributeurs à soutenir les entreprises françaises de la charcuterie, dont une sur trois enregistre aujourd’hui un résultat net déficitaire.
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La Fédération des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes (Fict) célèbre en 2024 ses 100 ans. L’évènement aurait pu être festif si l’état de santé des adhérents n’était pas préoccupant. « 30 % des entreprises sont dans le rouge », alerte la présidente de la Fict, Christiane Lambert lors d’une conférence de presse organisée à Paris le 26 novembre 2024.
Selon les derniers chiffres rapportés par la Banque de France, les marges, les trésoreries et les investissements des entreprises de charcuterie traiteur se sont fortement dégradés en 2023. Et les premiers chiffres de 2024 confirment cette tendance. Augmentation du prix du porc, de l’énergie, des emballages… Ces entreprises sont confrontées à d’importantes hausses de leurs coûts de production depuis deux ans.
« Les négociations commerciales arrivant, c’est le moment de dire aux distributeurs “attention”, on ne peut pas continuer ainsi à pressuriser les industriels », prévient Christiane Lambert. La Fict appelle ainsi le gouvernement et tous les acteurs de la filière porcine, en particulier les distributeurs, à agir pour redonner aux entreprises de la charcuterie des perspectives de redressement.
Alléger les charges
Alors que les marges nettes du secteur de la charcuterie ont reculé de 65 % en France entre 2021 et 2023 et qu’elles accusent un déficit de compétitivité face à leurs concurrents européens, la Fict souhaite que les entreprises retrouvent de la compétitivité en allégeant les charges qui pèsent sur elles. Elle réclame notamment :
- De ne pas alourdir les charges des entreprises dans le cadre des discussions en cours sur les projets de loi de finances pour 2025 (PLF et PLFSS) ;
- D’éviter l’inflation des coûts de l’éco-contribution sur les emballages supportés par les entreprises qui a déjà bondi de 77 % en dix ans ;
- De mettre en œuvre un plan de simplification pour freiner la mise en place de mesures trop contraignantes pour les entreprises et supprimer les surtranspositions qui paralysent la filière française.
Exclure la charcuterie des prochaines négociations commerciales
Très rémunérateur pour les grandes surfaces, le rayon de la charcuterie est devenu « la vache à lait des distributeurs », souligne la Fict. Selon l’observatoire des prix et des marges, le taux de marge nette sur le rayon de la charcuterie est de 8,2 % en 2022, c’est-à-dire six fois plus élevé que la moyenne des autres rayons. Une progression qui contraste fortement avec la dégradation des résultats des entreprises de charcuterie.
Pour la Fict, un rééquilibrage des marges est donc essentiel pour permettre aux charcutiers traiteurs de regagner de la rentabilité. Elle exige que les distributeurs s’engagent à exclure du champ des prochaines négociations commerciales les entreprises qui ont un fort impact sur les filières agricoles comme la charcuterie.
Réduire les importations des produits de charcuterie
Si les exportations françaises de produits de charcuterie ont progressé de 30 % depuis les années 2000, les importations ont été multipliées par quatre dans le même temps, creusant la balance commerciale (–900 millions d’euros en 2023). En outre, la concurrence des pays européens voisins est rude, en particulier l’Espagne et l’Italie qui affichent des résultats nettement supérieurs à la France.
Pour redresser la balance commerciale française, la Fédération réclame que l’ensemble de la filière se mobilise en faveur de la charcuterie produite en France. Elle plaide aussi pour un accompagnement des entreprises à l’exportation par les pouvoirs publics et un renforcement des opérations de promotion afin de dynamiser les exportations françaises.
Soutenir les éleveurs
Enfin, la Fict s’inquiète de la baisse du cheptel porcin français. Les charcutiers traiteurs doivent pouvoir s’appuyer sur une production porcine dynamique pour répondre à leurs besoins de viande de porc française.
Aussi, la Fédération soutient les mesures demandées par les éleveurs pour faciliter la transmission des exploitations, simplifier et adapter les normes devenues trop contraignantes et éviter l’introduction sur le marché de produits agricoles étrangers qui ne répondent pas aux normes françaises ou européennes.
Pour perdurer, « il faut des entreprises compétitives et résilientes ». C’est pourquoi la Fict s’engage et travaille avec ses membres pour répondre et anticiper les demandes des consommateurs tant sur la qualité sanitaire et nutritionnelle des produits (additifs, sel, nitrites…) que sur la bientraitance animale, la réduction des déchets, la gestion de l’eau ou l’éco-conception des emballages. Selon la fédération, ces engagements passent également par une meilleure information auprès du consommateur, en particulier sur l’origine de la viande.
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