Volailles : la flambée des importations « touche tous les marchés »
À l’occasion de l’assemblée générale de la Confédération française d’aviculture, Simon Fourdin, directeur du pôle économie de l’Itavi, est revenu sur les grands défis auxquels est confrontée la filière avicole.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Les enjeux sont toujours plus nombreux et plus complexes », annonce Simon Fourdin, lors de son intervention à l’assemblée générale de la Confédération française de l’aviculture (CFA), le 11 septembre 2023 à Paris. Bien-être animal, souveraineté alimentaire, enjeu sanitaire, environnemental, et économique, renouvellement des générations… La liste des défis auxquels se heurte la filière est longue. Parmi eux, le niveau des importations resteune inquiétude majeure pour la pérennité des exploitations avicoles françaises, et de la souveraineté alimentaire en France.
Flambée des importations
Interrogé sur le point qui l’a le plus marqué depuis le début de l’année 2023, Simon Fourdin n’hésite pas : il s’agit de « la flambée des importations », précisant qu’elle « touche vraiment tous les marchés ». Le chiffre parle de lui-même : plus d’un poulet sur deux consommés en France est désormais importé.
Autre fait marquant, les importations de volailles en provenance d’Ukraine ont grimpé de 227 % en deux ans, dont « +70 % sur les six premiers mois de 2023 par rapport à l’année précédente, qui était elle-même déjà spectaculaire par rapport à l’année d’avant ».
Dans un contexte inflationniste, la compétitivité est au cœur des préoccupations des professionnels de la filière, alors que leurs coûts de production s’envolent. Du côté du consommateur, les prix à la consommation ont augmenté de 4,9 % sur un an en septembre 2023. Si auparavant d’autres critères avaient pu être prioritaires à l’achat, aujourd’hui « le prix redevient le premier critère » des consommateurs français, devant la provenance et le goût.
« On consomme de plus en plus de volailles »
Selon l’économiste, deux évènements majeurs, le Covid et la guerre en Ukraine ont tout de même « montré la nécessité de la souveraineté alimentaire » devant le « risque de fermeture des frontières ». Mais bien que le sujet de la souveraineté alimentaire soit omniprésent, Simon Fourdin relève un fort antagonisme face au déficit actuel de la France en volailles, mentionnant les accords de libre-échange « en cours de négociation » avec le Mercosur, et la reconduction de la suppression des droits de douane avec l’Ukraine.
Par ailleurs, si les dernières études dévoilent une baisse de la consommation de viande de 40 % à l'horizon de 2050, Simon Fourdin tient à souligner que les perspectives de la filière avicole se distinguent : « C’est tout l’inverse qui se produit : on consomme de plus en plus de volailles et d’œufs. »
Paradoxalement, ce sont sur les productions conventionnelles, là où la demande est la plus forte, que la filière a le plus de mal à convaincre de jeunes éleveurs de s’installer. Sur la période de 2010 à 2020, le nombre d’exploitations en volailles de chair a diminué de 25 %.
L’enjeu du renouvellement des générations pose la question de l’attractivité des métiers de la filière, sur les exploitations mais aussi en aval, pour la collecte et le ramassage, l’abattage, la préparation des volailles. Accompagner l’installation d’éleveurs reste essentiel pour assurer la pérennité de la filière avicole, et répondre aux enjeux de souveraineté alimentaire, alors que ceux-ci rencontrent de plus en plus de difficultés pour s’installer.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :