Lait et viande, même combat Lait et viande, même combat

À qui la faute si le prix des vaches allaitantes est au fond du trou ? Aux éleveurs laitiers qui réforment à tour de bras ? Réponse facile et un peu simpliste… Certes, l’effondrement du prix du lait incite les producteurs à « casser » des vaches. Encouragés par leurs laiteries, le plus souvent coopératives, ils ont recapitalisé pour profiter de la croissance annoncée du marché mondial de produits laitiers à la fin des quotas. Mais, si cette croissance semble assurée à long terme, rien ne garantit qu’elle se fasse à un rythme régulier.

Est-il normal que le prix d’une charolaise ou d’une limousine soit calculé en ajoutant quelques centimes à celui de la vache O ? Non. C’est pourtant ce qui arrive tous les jours. Les abatteurs n’ont qu’à faire ramasser les réformes laitières et les femelles de races à viande. Charge à eux de désassembler les carcasses pour revendre aux distributeurs, leurs principaux clients, des muscles, du piécé ou du steak haché. Rien ne distingue l’entrecôte de prim’holstein de celle de limousine dans les rayons… pas même le nombre d’étoiles sur l’étiquette.

Le combat se déroule donc sur le terrain de la segmentation. Les éleveurs sont seuls dans ce travail de filière pour défendre leur produit et leur place dans la chaîne de valeur. À eux de faire en sorte que le consommateur reconnaisse les spécificités des races à viande et bénéficie de garanties sur la qualité du produit qu’il achète. Distributeurs, abatteurs et transformateurs laitiers ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils utilisent l’image de l’éleveur dans leur publicité comme garant de cette qualité auprès du consommateur.

S’il est un autre défi qu’éleveurs laitiers et allaitants partagent, c’est l’organisation. La crise du lait montre que les OP (organisations de producteurs) arrivent avec leur prix à la table des négociations et repartent souvent avec celui fixé par leur client. La situation est la même face aux abatteurs. La reconquête ne fait que commencer.