Pologne « L’inspection vétérinaire est dans un état catastrophique »
Le président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires polonais plaide pour un renforcement des contrôles sanitaires.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Dans l’affaire des abattages illégaux de vaches malades à Kalinowo et de la commercialisation de cette viande dans treize États européens, la responsabilité des vétérinaires a été soulevée. Que sait-on aujourd’hui à ce sujet ?
Jacek Łukaszewicz : Le droit prévoit que l’inspection vétérinaire soit avertie 24 heures avant un abattage pour pouvoir envoyer quelqu’un sur place. À Kalinowo, les vaches ont été abattues de nuit, sans la présence d’un vétérinaire. C’est l’objet des deux procédures en cours et menées de façon parallèle par le parquet et l’organe disciplinaire de l’Ordre. La lumière doit être faite pour savoir s’il s’agit d’abattages clandestins, ou si les vétérinaires ont manqué à leur devoir.
D’autres causes plus structurelles ont-elles également joué un rôle ?
Il n’y a pas de lien direct, mais depuis des années, l’inspection vétérinaire est dans un état catastrophique. Les salaires sont si bas, moins de 3 000 zlotys bruts mensuels (700 euros), que les agents partent vers le secteur privé. Dans le district autour de Kalinowo, il n’y avait qu’un seul inspecteur vétérinaire et deux ou trois postes non pourvus. De plus, l’inspection vétérinaire est sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, qui représente aussi les éleveurs. Le système des contrôles tend à s’affaiblir. À titre d’exemple, les certificats de santé auparavant requis pour que les animaux puissent être conduits des élevages aux abattoirs ont été supprimés. Pour mettre fin au conflit d’intérêts, l’inspection vétérinaire devrait passer sous la tutelle du Premier ministre.
Que pensez-vous de la proposition française de créer une « force européenne d’inspection sanitaire » ?
Nous sommes favorables à toute solution renforçant les contrôles sanitaires sur l’alimentation. J’observe que l’Union européenne est en train d’adopter des textes d’application extrêmement libéraux du règlement 2017/625, relatifs aux contrôles alimentaires. Nous sommes opposés à ces projets et pensons devoir d’abord nous concentrer sur cette thématique.
Propos recueillis par Romain Su
Pour accéder à l'ensembles nos offres :