Comment est née la marque C’est Qui Le Patron
Il y a neuf ans, l’aventure débutait dans l’Ain pour aider cinquante fermes laitières.
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Deux ans après avoir agrandi leur bâtiment et installé des robots, les cinq associés du Gaec de Mirtanges, dans l’Ain, ne « faisaient pas les malins en 2016 », confie Wilfried Paccaud. Ils livraient déjà 1,4 million de litres (Ml) à Bresse Val de Saône. La coopérative — dont il est président — collectait 26 Ml de lait dans 51 fermes, faisant vivre 80 familles. Depuis des années, ses débouchés étaient précaires. « En 2016, le lait partait en Italie à 200-220 €/t : nous perdions 120 à 150 € par personne et par jour en travaillant, reprend Wilfried. Des collègues vendaient des vaches pour payer les factures. Notre force a été la solidarité au sein de la coopérative. »
En mai 2016, son président d’alors, Martial Darbon, distribue des tracts alertant sur leur situation dans les magasins. Ému, le directeur d’un Carrefour Market reçoit les éleveurs et remonte le dossier au niveau régional puis national. « Un responsable de Carrefour nous a accueillis à Paris : il était en contact avec Nicolas Chabanne pour lancer un lait équitable, retrace Wilfried. Ils ont décidé de partir avec nous ! » La logistique est confiée à la laiterie de Saint Denis de l’Hôtel (LSDH). Un questionnaire en ligne élaboré par Nicolas Chabanne et son associé Laurent Pasquier récolte 6 000 votes de consommateurs, prêts à payer la brique 0,99 € dont 0,39 € au producteur contre le respect de quelques critères : pâturage, origine France… Le 6 septembre, tout le monde se tape dans la main.
Respect des engagements
« Le marché était évalué à 6 ou 7 Ml mais LSDH a accepté de prendre tout notre lait : ce qui n’irait pas à C’est Qui Le Patron (CQLP) serait payé au prix classique, moins 0,15 € de transport, reprend Wilfried. Mais la démarche a absorbé tous nos volumes. » Un contrat à durée indéterminée lie la coopérative laitière à CQLP, et chaque producteur a un contrat avec LSDH. Des audits garantissent le respect des engagements de chacun.
Dès que Carrefour a renoncé à son monopole, la brique bleue a été référencée par la plupart des distributeurs. « Aujourd’hui, CQLP écoule 70 Ml mais notre apport reste de 26 Ml : au lieu de grossir, nous avons ouvert la démarche à d’autres producteurs, souligne Wilfried. Nous avons gardé des fermes familiales et viables et remplacé chaque départ : nous sommes toujours 80 familles, pour 37 points de collecte. Certains éleveurs remboursent encore les dettes d’il y a dix ans, mais la démarche a sauvé nos fermes. Elle fonctionne car tout est transparent et chaque maillon gagne sa vie. »
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