Moins d’intrants et plus d’autonomie pour nos montbéliardes avec le PSE
Le paiement pour services environnementaux (PSE) a permis au Gaec Delacroix-Legain d’améliorer l’autonomie alimentaire de son troupeau laitier.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Une opportunité à saisir. C’est ainsi que les associés du Gaec Delacroix-Legain situé à Fourg (Doubs) ont perçu la possibilité de recevoir des PSE (paiements pour services environnementaux) proposés par la communauté d’agglomération du Grand Besançon.
Un dispositif adapté au projet de l'exploitation
« Le dispositif, destiné à protéger la qualité de l’eau potable du secteur, était adapté au projet de notre exploitation laitière, pointe Sébastien Legain, l’un des quatre associés. Nous souhaitions en effet réduire les achats d'intrants et améliorer l’autonomie alimentaire du troupeau. Une condition pour s’adapter au changement climatique. »
Un état des lieux de l’exploitation a été réalisé à la mi-février 2021 par la chambre d’agriculture. « À l’époque, précise Sébastien, nous faisions 22 hectares de maïs. Une partie était récoltée en vert pour l’alimentation des vaches laitières. Le reste était ensilé pour l’engraissement des vaches de réforme, des bœufs et des génisses montbéliardes croisées charolais. Nous cultivions encore de l’orge pour l’autoconsommation et du blé, que nous vendions pour racheter des protéines. Le méteil était déjà testé sur les mauvais terrains.
Développer la production des méteils grain
Trois ans après la signature du PSE, les céréales de vente ont été arrêtées et le maïs a été réduit à une dizaine d’hectares. Quatre hectares sont récoltés en vert, le reste en grain. Le projet d’implanter 12 hectares de luzerne n’a pas été concrétisé, à cause des difficultés pour la sécher. Mais l’acquisition d’un séchoir à balles rondes est en réflexion.
À la place, le Gaec produit des méteils grain. Cultivés sur 13 ou 14 hectares, ceux-ci combinent de la féverole et du pois pour plus de 50 %. Le reste est composé d'avoine, triticale et orge.
Le concentré distribué aux animaux se compose de 45 % de méteil, 25 % de maïs et 30 % de tourteau. « La culture du méteil n’est pas si simple, commente Sébastien Legain. Selon les années, les rendements varient de 30 à 60 q/ha, ainsi que la composition du mélange récolté : 39 % d’avoine en 2023 ! Faire du lait avec un tel produit n’est pas si facile. »
Outre le risque de verse, il faut veiller à conserver un bon équilibre amidon-azote dans la ration. Si à la récolte, le mélange comporte peu de protéagineux mais beaucoup de triticale et si la quantité de concentrés distribués est importante, il y a des risques d’acidose. Pour l’éviter, la densité de triticale à l’hectare est limitée à 65 kg sur les 220 kg de graines semées par hectare. La conservation aussi est délicate : le méteil doit être récolté bien sec pour prévenir le développement des mycotoxines.
Les betteraves fourragères sont désherbées a minima. Le binage effectué avec le matériel de l’exploitation n’est pas suffisant pour laisser une culture suffisamment propre. Le maïs est implanté après une prairie chaque fois que c’est possible. Les parcelles ne sont alors plus désherbées chimiquement mais binées, avec le matériel de la Cuma. Un hectare de jachère, mellifère en partie, a été implanté le long de certaines cultures et sur une prairie en zone humide.
L’intérêt du PSE réside dans sa souplesse. « Les modifications de système ou de pratiques n’ont pas été dictées par l’Administration, se félicite l’agriculteur. Nous avons choisi les mesures qui nous paraissaient adaptées à notre projet, ainsi que leur niveau. » L’exploitation n’engage pas de parcelles précises. Une évolution de l’assolement est donc possible pendant les cinq ans du contrat.
« Notre objectif premier reste l’autonomie de l’exploitation et son équilibre économique, souligne Sébastien Legain. Il ne s’agit pas d’acheter 100 tonnes de betteraves fourragères pour compenser l’échec d’un désherbage, parce qu’on aurait voulu à tout prix faire baisser l’IFT. Pouvoir produire le litrage — 800 000 litres de lait pour le Comté AOP — est essentiel. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :