Aricle Génisses Gagner 1 000 l de lait en « boostant » le plan lacté

Un plan lacté qui permet de doubler la masse du veau - de 40 à 80 kg - en 56 jours est favorable au développement de la mamelle, avec sept fois plus de tissu sécréteur de lait et six fois plus de tissu adipeux. Ce niveau de croissance est également positif sur l’expression future des gènes impliqués dans les performances de reproduction et des qualités maternelles, grâce à une synthèse plus importante de récepteurs à œstrogènes. Le gain potentiel d’un plan lacté « boosté » est en moyenne de 1 000 l sur la première lactation, avec un effet positif pour les lactations suivantes.

En outre, offrir aux veaux un environnement favorable et sans problème clinique sur cette période augmenterait de 1 000 l le potentiel futur de l’animal, soit 2 000 l de potentiel cumulé.

C’est ce qui ressort des dernières recherches en épigénétique, une discipline qui analyse les mécanismes d’influence des facteurs externes sur l’expression du génome. Pour Yann Martinot, directeur technique d’ElvUp (1), qui a compilé les travaux de recherche dans ce domaine (2), « ces résultats permettent de faire autorité pour mieux cibler les bonnes pratiques d’élevage et chiffrer les enjeux ».

Enrichir le lait entier en protéines

Pour parvenir à doubler la masse des veaux entre 0 et 56 jours, le plan lacté doit généralement être intensifié par rapport aux pratiques rencontrées sur le terrain. « La première semaine de vie, la ration est apportée en deux fois trois litres, puis elle monte à deux fois quatre litres, détaille Élodie Blin, experte génisse d’ElvUp. À partir du 42^e jour, nous préconisons de réduire progressivement les quantités de lait, en distribuant une seule buvée quotidienne, tout en amenant des aliments solides riches en protéines. » Le sevrage est réalisé à 56 jours et la mise en case collective à 63 jours.

« Pour parvenir à des gains moyens quotidiens approchant 1 000 g, il est indispensable de faire attention à la charge bactérienne du lait, ainsi qu’au taux de matière grasse du lait entier. Il est souvent nécessaire d’enrichir ce dernier en protéines. Leur part devrait être de 23 %, et celle des matières grasses, de 18 %. Par ailleurs, le lait reconstitué ne doit pas dépasser 14,5 % de taux de matière sèche. »

Le rôle du colostrum est aussi réaffirmé par l’épigénétique. « Un colostrum de qualité procure non seulement un « boost » immunitaire, mais également un « boost » dans la programmation génétique du potentiel productif de l’animal », explique Yann Martinot. Ainsi, le protocole de collecte et de distribution doit être particulièrement soigné.

(1) Organisme de contrôle de performance en élevage basé dans l’Orne. (2) Lire La France agricole du 22 juin, page 32.