« Nous avons raccourci les cycles de production à l’engraissement »
Avec 230 vaches limousines et des productions diversifiées, Aurélien Boudet et Lidewij van Oers diminuent progressivement les bœufs au profit de taurillons et de génisses de Lyon.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Les évolutions du marché nous imposent de nouvelles stratégies de production, expliquent posément Aurélien Boudet et Lidewij van Oers, en Gaec à Royères (Haute-Vienne). Nous pensons avoir intérêt à produire des animaux moins âgés et moins lourds aussi bien sur la voie mâle que femelle. Nos bœufs de trois ans vendus sur le circuit Agriculture biologique (AB) sont aujourd’hui au même prix que des taurillons en circuit conventionnel : 6,30 €/kg.
Même scénario pour les génisses, dont nous allons raccourcir le cycle de production pour faire des génisses de Lyon, bien valorisées en circuit conventionnel. Le gain de temps, de place et d’alimentation va nous permettre d’augmenter le cheptel mère de 60 têtes avec une progression de vingt mères par an sur trois ans. »
Le couple d’éleveurs a toujours fait évoluer son système bovin limousin, caractérisé par des productions diversifiées avec des vaches de réformes engraissées, des veaux sous la mère, des bœufs, des génisses lourdes et des broutards. Lorsqu’Aurélien s’installe avec son père en 2004, l’exploitation compte 70 vaches. Le système en agriculture biologique depuis 1996, vend de la viande en direct. La création d’un Gaec s’accompagne d’un agrandissement de 90 ha et 20 vaches.
Le troupeau est augmenté à 140 mères avec l’installation de Lidewij en 2008. La vente directe est arrêtée. En 2020, les éleveurs ont l’opportunité de reprendre un domaine familial (du côté de la mère d’Aurélien) à 3 km. 250 ha regroupés et 110 vaches s’ajoutent à l’exploitation qui emploie 3 salariés jusqu’en 2022.
« Nous devons être techniquement bons, en bio d’autant plus car l’objectif est d’avoir les mêmes performances qu’en conventionnel, soulignent les éleveurs. Sur le plan économique, une grande vigilance reste de mise. » La production de porcs mise en place en naisseur-engraisseur AB depuis 2012 enregistre de bons résultats technico-économiques mais elle est marquée depuis deux ans par une crise du porc AB. Les éleveurs ont dû diminuer l’effectif des truies et réduire leur masse salariale.
Une conduite en bandes
La taille du troupeau génère des lots importants dont la conduite est rationalisée. Une partie des vaches destinées à la réforme et les dix montbéliardes inséminées en blanc-bleu-belge produisent des veaux sous la mère, valorisés en AB. Tous les veaux nés des vêlages d’automne vont être désormais engraissés en taurillons. Les castrations des mâles destinés à produire des bœufs sont stoppées à partir de cette année.
Tous les veaux nés des vêlages d’hiver sont quant à eux destinés à une vente en broutards. La finition des génisses de boucherie va être réduite pour produire des génisses de Lyon de moins de 24 mois. L’augmentation du troupeau de mères va permettre d’augmenter les ventes dans chaque catégorie (voir l'infographique).
Des fauches très précoces
L’autonomie alimentaire pour les bovins est la clé de voûte du système. « La SAU nous le permet à la condition de produire des fourrages de grande qualité, souligne le couple, qui récolte un ensilage d’herbe très précoce (80 ha à la fin d'avril) destiné aux animaux à l’engraissement et aux vaches en vêlage d’automne. 70 ha sont enrubannés en boudin vers le 20 mai à destination des animaux d’élevage et des vaches en vêlage de printemps. Seuls une vingtaine d’hectares sont fanés. Du regain est récolté sur 80 ha si le temps le permet. 20 ha de luzerne et les céréales bio maison trouvent une place primordiale dans les rations d’engraissement.
« La génétique du troupeau et le suivi de croissance de nos animaux que nous suivons avec Bovins croissance 87 sont autant d’atouts pour produire des carcasses de qualité. Nous apprécions ce service et ces échanges avec Arnaud Gaulupeau depuis 2014. Le tri des génisses à l’agrandissement du troupeau a été particulièrement délicat. Nous achetons aujourd’hui des mâles reproducteurs à la station de Lanaud. Des marges de progression existent toujours dans notre métier. Des marges de déception aussi au regard du devenir commercial de la filière bio et de son soutien par l’État. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :