Une ration hivernale économe pour des limousines en vêlage d’automne
Entre 2020 et 2023, la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire) a testé des complémentations fourragères riches en protéines. Avec un avantage à la luzerne.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
À la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, une partie du troupeau limousin (90 VA) vêle au mois de septembre et octobre. En période hivernale, ces animaux ont des besoins énergétiques importants. « Notre objectif est de les couvrir de façon économe, en réduisant la part de céréales », explique Julien Fortin, ingénieur de recherche en viande bovine et fourrages. En ce sens, un essai a permis de comparer des fourrages complémentaires riches en protéines. Il a été mené trois hivers de suite, de 2020 à 2023, sur quarante couples mères-veaux. Tous les animaux ont reçu le même fourrage de base : un mélange triticale + pois + vesce dit Cerpro, distribué à 6,3 kg MS/jour.
Ce mélange est récolté au stade laiteux-pâteux des céréales ; à 0,77 UFL, 49 PDIN et 63 PDIE. Concernant la complémentation, les quarante couples mères-veaux ont été divisés en deux groupes. L’un a reçu de la luzerne enrubannée : 6,5 kg MS/j à 0,79 UFL, 96 PDIN et 80 PDIE. Dans l’autre, on a distribué un enrubannage de triticale-pois-vesce-luzerne : 5,9 kg MS/jour. Ce mélange est identifié sous le nom de Procer. Il est récolté au stade floraison des céréales ; en moyenne (2020-2023) à 0,80 UFL, 84 PDIN et 69 PDIE.
Un déficit de poids
L’essai est marqué par des résultats contrastés au niveau des prises de poids. Plus précisément, elles sont conformes aux attendus dans le lot « luzerne » ; décevantes dans le lot « Procer ». Dans ce groupe, les vaches perdent en moyenne 36,5 kg sur la période entre le début du mois de novembre et la fin du mois de février. En cascade, l’essai met en évidence un écart de production laitière — un litre par jour — entre les deux lots ; pour des pics de lactation à sept (luzerne) et six litres (Procer).
La croissance des veaux est impactée. L’écart de GMQ est de 96 grammes (cf. 1 106 g versus 1 010 g). « Ces pertes de poids dans le lot Procer sont liées à des difficultés d’ingestion et de préhensibilité », explique l’ingénieur. Les brins longs sont en cause. Ils ont engendré 9 % de refus, pénalisant la valeur énergétique de la ration (–1, 7 UFL/jour). Il est à noter qu’une fois au pâturage, les vaches ont compensé ce déficit. Pour les veaux, la mise à l’herbe a réduit l’écart de croissance. L’écart de poids (16,5 kg) n’a pas été compensé.
Pas d’impact sur la reproduction
Concernant les performances de reproduction, l’essai ne montre pas de différence statistiquement significative. Le taux de gestation se maintient à 83 % dans le groupe « luzerne » ; à 79 % dans le lot Procer. Malgré tout, « les animaux de ce groupe ont dû puiser dans leurs réserves pour maintenir leurs performances », rappelle Julien Fortin.
Pour compléter cet essai, la ferme expérimentale a effectué un calcul d’opportunité économique. Il intègre trois régimes alimentaires : les deux de l’essai et un autre — étudié précédemment — qui associe le même mélange de base (Cerpro) à du foin de luzerne. À l’issue, l’avantage économique va clairement au régime « Cerpro + Procer » avec un coût de l'alimentation sur 135 jours de 7 764 € pour quarante couples mères-veaux. Vient ensuite le régime Cerpro + luzerne enrubannée (8 212 €) puis le « Cerpro + foin de luzerne » (8 712 €).
Pour accéder à l'ensembles nos offres :