« Les banques ont lâché notre futur abattoir de proximité »
Après la volte-face du pool bancaire qui devait financer en partie la construction d’un abattoir en Moselle, les éleveurs veulent encore y croire.
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Lorsque le 16 juin 2023, les représentants de la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), cheville ouvrière du projet d’abattoir du nord-mosellan, apprennent que les banques ne signeront pas l’offre de prêt négociée depuis de longs mois, ils sont abasourdis. Sans explications claires, le pool composé du Crédit Agricole, de la Caisse d’Épargne, de la Banque Populaire, leur notifie ce refus au moment où la signature devait avoir lieu.
Un projet en cours depuis 12 ans
Le projet, en cours depuis douze ans, a pour objectif la construction d’une structure de proximité. En effet, les éleveurs du secteur doivent faire beaucoup de kilomètres, jusqu’en Moselle-Est, au Luxembourg, en Allemagne, pour faire abattre leurs animaux. « Cette décision des banques met en péril tout le dossier. C’est un contresens total alors que se mettent en place des plans alimentaires territoriaux, explique Norbert Handrick, président de la SCIC. Le montant du prêt est peu élevé, 800 000 € pour le seul Crédit Agricole, alors que le coût de revient de l’abattoir est de 7,5 M€. » Aidé de plusieurs administrateurs, il bat la campagne pour trouver des solutions. Les neuf communautés communes concernées acceptent d’augmenter leur contribution financière, face également à la flambée des coûts des matériaux. Contactée, la Banque des Territoires refuse un prêt au motif que « les abattoirs sont hors doctrine d’investissement ». « Nous payons aussi le rapport de la Cour des comptes qui a mis l’élevage à l’index », regrette Norbert Handrick.
Lors de l’assemblée générale extraordinaire du 5 octobre 2023, des éleveurs ont pointé des manques de soutiens locaux. « Le conseil départemental n’a accordé qu’une subvention de 150 000 €, alors qu’il prône depuis des années le « Mangeons mosellan », note l’un d’entre eux. C’est le montant que ma commune a reçu pour son terrain de foot synthétique ! » Une administratrice de la SCIC résume : « Les consommateurs souhaitent manger de la viande, mais ne veulent pas savoir ce qui se passe entre le pré et l’assiette. » Lors de cette réunion, le conseil d’administration a expliqué continuer à solliciter d’autres banques. Sans solution, ce sera la dissolution de la SCIC. Verdict le 15 novembre.
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