La révision de la directive IED ne passe pas
Les organisations agricoles et les filières jugent sévèrement la nouvelle directive sur les émissions industrielles votée au Parlement européen.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les syndicats des filières de productions animales avaient tenté d’amender la proposition de la Commission européenne mais elles n’ont pas été entendues par les eurodéputés. Le 12 mars 2024, la révision de la directive sur les émissions industrielles a donc été votée au Parlement européen, élargissant le spectre des élevages concernés.
La FNSEA n’a pas tardé à réagir en reprochant au Parlement « d’imposer à nos exploitations d’élevage familiales de porcs et de volailles de lourdes contraintes, ce que nous dénonçons. Avec les nouveaux seuils, rappelons que jusqu’à 80 % des élevages de porcs et de volailles seraient concernés par des investissements complètement disproportionnés au regard des bénéfices très réduits en termes d’émissions ». Avec une révision prévue en 2026 où il sera question d’intégrer l’élevage bovin mais aussi de scinder le texte pour séparer l’élevage de l’industrie, le syndicat majoritaire promet de pousser pour une révision des seuils. « Nos organisations veilleront à ce que la clause de révision prévue pour 2026 conduise à une révision du texte adopté, pour revenir à un statu quo. »
Du côté des syndicats d’éleveurs affiliés à la FNSEA, la réaction est encore plus cinglante. « On nous a promis la simplification ? Mensonges ! », a fustigé dans un communiqué commun la Fédération nationale porcine (FNP) ainsi que la Confédération française de l’aviculture (CFA). « Le vote d’hier va aggraver l’arrêt des élevages de porcs et de volailles et mettre en cause notre souveraineté alimentaire », ajoutent-ils.
Mais leur courroux ne concerne pas que le Parlement européen mais aussi l’État français, coupable aussi selon eux de considérer certains élevages comme des industriels. « La récente loi sur l'industrie verte, franco-française, qui renforce les contraintes et menaces de l’enquête publique (passage de 1 à 3 mois avec réunions publiques au début et à la fin !), perpétue la faute originelle, politique et technique, qui assimile Agriculture à Industrie ! », pointent-ils.
Les coopératives remontées aussi
Parmi les déçus du vote s’ajoute La Coopération Agricole. « Nous nous sentons trahis par le résultat pour les filières avicole et porcine. Nous appelons à un sursaut de la part de nos décideurs, si leur volonté est bien de défendre notre modèle d’élevage familial diversifié et notre souveraineté alimentaire », résume Dominique Chargé, le président dans un communiqué.
Là aussi, l’organisation n’oublie pas de s’adresser à l’échelon national. « Au niveau français, nous attendons du gouvernement et des parlementaires un signal fort avec la mise en œuvre des annonces du plan de souveraineté pour l'élevage en mettant fin aux surtranspositions et en simplifiant les procédures administratives », appelle-t-elle.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :