Souveraineté alimentaire « La France doit devenir la première puissance agricole durable »
La question de la souveraineté alimentaire française devra faire partie du débat politique lors des futures élections présidentielles, selon l’institut Montaigne. La plateforme de réflexion a rendu un rapport faisant état des défis que devra relever le secteur agricole pour « faire de la France le premier pays agricole durable ».
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L’institut Montaigne (1) estime que la question de la souveraineté alimentaire de la France « est de retour au centre du débat public » et que c’est un sujet qui mérite d’être largement abordé lors des débats qui auront lieu dans le cadre des futures élections présidentielles.
Le cercle de réflexion a publié un rapport intitulé « En campagne pour l’agriculture de demain », dans lequel il analyse « l’avenir de l’agriculture française » et recommande de « construire une politique publique qui fera de la France le premier pays agricole durable ».
Perte d’ambition européenne et dépendance protéique
Ce rapport met l’accent sur plusieurs défis que devront relever les filières agricoles pour maintenir la souveraineté alimentaire française. Il pointe une « ambition agricole européenne qui perd de sa substance ». Il estime a contrario qu’« à l’échelle internationale, les questions agricoles reviennent dans les agendas politiques ».
Le think-tank juge que les filières agricoles françaises perdent en compétitivité, notamment en fruits et légumes. L’institut Montaigne souligne aussi la « pénétration grandissante » des importations dans la consommation nationale.
Il alerte également sur les risques de la « dépendance protéique, qui fragilise la souveraineté alimentaire ». « Avec la Chine, l’Europe est la seule grande puissance agricole à dépendre du reste du monde pour assurer les besoins en protéines de ses élevages », détaille le cercle de réflexion. Il ajoute cependant que cette dépendance est plus limitée pour la France, grâce aux efforts des filières.
L’institut Montaigne estime que cette dépendance sera « exacerbée demain », avec l’augmentation de la demande mondiale en protéine qui risque de créer des tensions dans les approvisionnements.
Performance économique et environnementale
Le document souligne la « déformation du partage de la valeur au détriment du secteur agricole », mais aussi le défi auquel le secteur de la distribution devra faire face. L’institut estime que les enseignes de la grande distribution sont aux portes d’un changement de modèle important, accéléré par la crise du Covid.
Il souligne également l’importance du défi du renouvellement des générations pour le secteur, alors que les revenus ne sont pas au rendez-vous. Il rappelle aussi le manque de main-d’œuvre de plus en plus important.
Pour le think-tank, l’agriculture va donc devoir s’adapter à une demande alimentaire grandissante et en pleine évolution. Il s’agit, pour d’une « opportunité pour repenser notre souveraineté alimentaire » et aller vers de nouvelles pratiques.
Pour l’institut il faut donc « accélérer la marche vers une agriculture plus sobre en intrants et plus intensive en capital humain et technologique (digital, robotisation) », tout en allant vers « une agriculture de la double performance économique et environnementale ». Un changement qui prendra du temps, admet le cercle de réflexion.
Des recommandations
Le rapport formule pour de nombreuses recommandations pour faire évoluer l’agriculture dans ce sens, telles que :
- La mise en place d’un « plan protéines ambitieux » au niveau européen ;
- Le renforcement de la conditionnalité environnementale des accords commerciaux au niveau européen ;
- La mise en œuvre de clauses miroirs ;
- Le renforcement de la transparence dans les relations commerciales ;
- La normalisation du contrat écrit entre producteurs et premier acheteur ;
- Le renforcement de l’attractivité des métiers du secteur agricole et agroalimentaire ;
- La réduction de l’artificialisation des sols.
Des recommandations qui ne sont pas sans faire penser à la ligne politique actuelle d’Emmanuel Macron et de son ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.
(1) L’institut Montaigne est une plateforme de réflexion indépendante, consacrée aux politiques publiques en France. Ses positions sont plutôt d’orientations libérales. Il réunit « des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires, des personnes issues de la société civile et d’horizons très divers ».
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