Antispécistes Procès inédit de vandales végans à Lille
Quatre prévenus ont comparu devant le tribunal correctionnel de Lille le 19 mars à la suite de dégradations de plusieurs commerces de bouche. Le jugement devrait être rendu le 8 avril.
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Malgré le nombre d’actes de vandalisme, le procès de Lille est le premier du genre. Ils étaient quatre à comparaître, pour quinze faits commis entre le 21 décembre 2018 et le 2 février 2019, et notamment les incendies de deux restaurants.
Pour Cyrille, un jeune homme de 23 ans, le procureur a requis 18 mois de prison, dont 8 avec sursis et mise à l’épreuve. Sa compagne, Mathilde, subirait une peine de 15 mois de prison, dont 9 de sursis. Les deux autres prévenues n’écoperaient que de six mois de sursis.
Les incendies constituant les faits les plus graves dans les procès criminels, pouvant valoir à leurs auteurs jusqu’à dix ans de prison, ces peines sont plutôt clémentes. Pour Damien Legrand, l’avocat des bouchers, elle s’expliquerait par les éléments du dossier. « Ce sont des gens qui n’ont aucun antécédent judiciaire, et qui sont insérés dans la société », rappelle-t-il.
À procès inédit, format inédit
Lors de cette première audience, la cour a pris le temps. « Il y a eu un vrai débat, et le tribunal y a consacré tout un après-midi, ce qui est exceptionnel », s’étonne Damien Legrand. La présidente du tribunal a notamment interrogé en détail les prévenus, pour mieux comprendre jusqu’où ceux-ci étaient prêts à aller pour leur cause.
Deux témoins ont été cités à comparaître par la défense, la militante Virginia Markus, et l’essayiste Thomas Lepeltier. Des intellectuels qui ont tenté de justifier les actes de militants par la désobéissance civile des prévenus. « Ils ont été jusqu’à dire que le sacrifice de vie humain se justifie pour défendre la cause animale », déplore Damien Legrand.
En garde à vue, les prévenus avaient revendiqué certains faits qui ne leur avaient pas été reprochés, annonçant même des récidives. Devant le tribunal, le ton s’est cependant adouci, allant jusqu’à soulever des moyens juridiques de faire annuler certaines pièces du dossier. « Les contractions entre les procès-verbaux et les audiences pourraient leur valoir des peines plus lourdes », estime l’avocat.
Itinéraires de fous solitaires
D’après Laurent Rigaud, président du syndicat des bouchers du Nord, « c’est l’impunité dans laquelle se sont trouvés les prévenus faisant suite aux premiers tags en 2016, qui les ont conduits à briser les vitrines, puis à incendier les restaurants ». Ce premier procès devrait cependant mettre un terme à cet engouement, puisque, selon maître Legrand, « plus il y aura d’actes de cette nature plus les peines seront lourdes.
« Les forces de police et les services de l’État ont fait un travail remarquable au cours de l’enquête », souligne Laurent Rigaud. Les auteurs des dégradations ont été retrouvés grâce à des traces d’ADN sur une brique, et des écoutes téléphoniques. Ils se seraient rencontrés au sein l’association L214, qui s’est depuis désolidarisée d’eux à travers des déclarations de presse.
La mairie de Lille, qui avait souhaité se porter partie civile aux côtés des bouchers n’a pas pu le faire, mais les bouchers se sentent soutenus politiquement. Xavier Bertrand, président de la Région, suivrait le dossier personnellement depuis le début des enquêtes. Du côté de l’interprofession, en revanche, aucun représentant n’aurait contacté les bouchers du Nord.
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