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« Je produis des cultures industrielles sans labour »

Jean-Claude Samain a progressivement supprimé le labour sur son exploitation, où il produit notamment des cultures industrielles.

Jean-Claude Samain, producteur de betteraves, pommes de terre et flageolets, ne laboure plus ses sols et considère ses couverts comme des cultures à part entière.

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Jean-Claude Samain est producteur de blé, colza, pommes de terre, betteraves et flageolets à Hébuterne, dans le Pas-de-Calais. C’est notamment pour transmettre à son fils des sols de bonne qualité qu’il s’est tourné vers le non-labour : la totalité de sa sole est conduite sur ce principe depuis 2019. Si c’était le cas pour les céréales dès le début des années 2000, la démarche a pris un peu plus de temps pour les cultures industrielles. Les premiers essais ont été réalisés sur betteraves et pommes de terre en 2016. « Au fur et à mesure des années, on s’est améliorés », se souvient l’agriculteur.

Un outil à dents adapté

« Pour passer au non-labour, le seul matériel que j’ai acheté en plus de ce que j’avais déjà sur l’exploitation, c’est un Actisol », apprécie-t-il. Dans son contexte limoneux, il considère qu’il faut toujours fissurer le sol. Le travail du sol avant betterave consiste en un passage d’Actisol, puis d’un outil à dents pour affiner. La culture est précédée d’un couvert multi-espèces. « Il reste pas mal de débris végétaux, et nous avons dû adapter l’outil pour qu’il fonctionne. Il nous fallait des dents plus hautes et plus espacées, en quinconce sur plusieurs rangées, pour que les débris végétaux passent mieux. » Des essais de betterave en semis direct ont été réalisés il y a deux ans. « Ce n’était pas concluant, se remémore-t-il. Il faut vraiment avoir un sol qui s’y prête, avoir bien réussi son couvert et ne pas avoir un hiver trop humide qui referme les sols. »

La présence de résidus végétaux avant les semis de betteraves a amené Jean-Claude Samain à adapter son outil à dent pour éviter l'effet de râteau. (©  Hélène Parisot/GFA)

En pommes de terre, Jean-Claude Samain s’adapte en fonction des années. L’itinéraire classique consiste en un passage d’Actisol puis une fraise. Quand les couverts se sont bien développés et que les conditions sont favorables, passer la fraise sans préparation préalable est possible. « Mais cette année, avec les précipitations que l’on a eues, il a fallu ressortir le décompacteur rotatif, chose qui n’était pas arrivée depuis quatre ans », note l’agriculteur.

« J’ai testé le semis direct en betteraves et le prébuttage d’automne en pommes de terre. »

Pendant trois ans, il a expérimenté le prébuttage d’automne. S’il constate que le sol est beaucoup plus aéré et facile à travailler, la technique double la charge de travail. D’autant plus que lorsque la taille de la butte est suffisamment importante, la planteuse doit être adaptée par tout un jeu de réglages. « Et lorsque les hivers sont très humides, les buttes se referment complètement, donc il faut recommencer à zéro », pointe-t-il. Face à ces contraintes trop importantes, la pratique a été abandonnée sur l’exploitation.

Varier les architectures des plantes d’interculture

« Je réfléchis mes couverts comme des cultures. Je les implante le plus tôt possible après la moisson et je ne les détruis pas avant la fin de janvier ou au début de février. Ils occupent le sol cinq ou six mois dans l’année. » Les intercultures entrent ainsi à part entière dans sa rotation. « Je considère donc que je peux cultiver des pommes de terre tous les quatre ans, contre les cinq ou six ans conseillés. » Féverole, tournesol, vesces, trèfles, phacélie, chia… Jean-Claude Samain implante des mélanges de dix espèces en interculture. « J’avais déjà l’habitude de semer trois espèces différentes avant d’avoir suivi des formations qui m’ont amené à les diversifier », indique-t-il.

Il apporte un soin particulier à varier les strates des espèces choisies, « aussi bien en hauteur de végétation qu’en structure racinaire ». La proportion de légumineuses dans les couverts est de plus de 60 %, sauf avant flageolet. Cette culture est précédée d’un couvert de seigle, qui est travaillé avec une herse rotative.

Jean-Claude Samain fait partie de la démarche « Sols vivants » de Saint Louis sucre depuis 2020. Dans ce cadre, il profite des expériences d’autres producteurs et de formations. Un point important pour lui, car les références techniques sur le sujet sont encore peu développées. Il s’est également engagé, en 2022, dans le programme Nutrigeo de Gaïago, qui adosse une rémunération carbone à une amélioration sur cinq ans du stock de matière organique dans les sols. Les premiers résultats sont attendus en mars 2025.

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