Le tournesol en dérobée, une source de revenu supplémentaire
Voilà neuf ans, Hubert Deltrieu a misé sur le tournesol en dérobée après une orge. En 2023, la hausse du coût de l’électricité, et donc de l’irrigation, a remis en cause sa stratégie.
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À Carcassonne dans l’Aude, Hubert Deltrieu cultive trois cultures en deux ans sur environ quinze hectares depuis neuf ans. « Au départ, c’était pour une raison économique. J’avais besoin de rentrer un peu plus de marge donc j’ai décidé d’intégrer la troisième culture, retrace-t-il. J’implante un tournesol en dérobée entre une orge et un blé tendre ou un maïs grain. Dans ce dernier cas, je peux prendre le temps de rentrer mon tournesol sans me presser pour le semis d’une culture d’hiver. »
Irrigation coûteuse
Hubert récolte son tournesol entre le 20 septembre et le 15 octobre, avec un rendement moyen de 15 q/ha, un plus bas à 10 quintaux et un plus haut à 21. Le taux d’humidité varie quant à lui entre 9 et 16 % selon les années. Au-delà des 11 %, qui prennent en compte 2 % de correction, la coopérative retient des frais de séchage. « Jusqu’à présent, tant que le coût de l’énergie restait raisonnable, ça ne posait pas de problème. Cette année, tout est différent », regrette-t-il.
Cette saison, pas de tournesol en dérobée sur l’exploitation. Les marges dégagées par la culture (lire encadré) sont insuffisantes pour absorber l’explosion du prix de l’électricité. « Il y a deux ans, on était à 6 centimes le m3. L’an dernier à 9 et cette année, les projections vont de 20 à 29 centimes. » Et pour l’agriculteur, inutile d’imaginer conduire un tournesol en dérobée en sec.
Les conclusions du projet « 3C2A », pour trois cultures en deux ans, mené entre 2019 et 2022 vont dans le même sens : sans irrigation, la réussite est fortement compromise. C’est d’ailleurs ce qui avait manqué à Hubert lors de ses premiers essais il y a une dizaine d’années, se souvient-il. « Mon matériel d’irrigation n’était pas adapté et ça n’avait pas fonctionné. Puis il y a neuf ans, j’ai installé deux pivots sur mon site en terrasses graveleuses. » C’est sous ces pivots que sont installés les dérobées. Les parcelles échappent à la rotation type, évitant ainsi un retour trop fréquent du tournesol.
« J’apporte environ 15 mm au semis, puis cinq à six jours après pour éviter que le tournesol reste coincé sous la croûte, car ces terres graveleuses se compactent énormément, décrit Hubert Deltrieu. Ensuite, j’attends le stade 6-8 feuilles. En règle générale, je compte 150 mm pour le mener à bout avec un dernier passage environ dix jours après la floraison. »
Le semis s’effectue avant le 1er juillet. Passée cette date, pas d’implantation pour Hubert. « D’après mon retour d’expérience, c’est une des conditions de réussite ». La date du semis a effectivement été identifiée comme clef pour un tournesol dérobé rentable par le projet 3C2A, tout comme la précocité variétale. Contraint par une forte pression en xanthium, Hubert s’est jusqu’ici restreint à des variétés Clearfield « peut-être un peu trop tardive, juge-t-il. J’ai vu que des semences plus précoces arrivaient sur le marché. Je pense les essayer la prochaine fois. »
Contrôler l’enherbement
Le programme de désherbage comprend généralement, après la deuxième irrigation et la levée régulière des adventices et des repousses, un passage de Pulsar (imazamox) et un de Stratos Ultra (cycloxydime). Ce dernier a remplacé des préparations contenant du S-métolachlore, celles-ci n’étant pas assez efficaces avec les chaumes d’orges résiduelles, suppose l’agriculteur (voir infographie). « L’objectif, c’est d’avoir une culture la plus propre possible pour ne pas pénaliser ma culture suivante. »
Quelque quarante unités d’azote sont apportées, selon l’année, entre cinq et huit feuilles.
Avant de se focaliser sur le tournesol, Hubert s’était également essayé au soja dérobé. « Je ne dis pas que je ne réessaierai pas, notamment pour apporter de l’azote dans le système, ou que je ne tenterai pas d’autres cultures. Mais je pense maintenant maîtriser correctement le tournesol puisque depuis neuf ans, je n’ai pas laissé une culture au champ ». Convaincu de l’intérêt de cette technique, il espère désormais un retour du prix de l’électricité à un niveau accessible.
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