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Céréales morosité en blé et maïs

Le marché s’essouffle en céréales, en attendant les nouvelles récoltes de l’hémisphère Nord.

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« La morosité reste de mise sur les marchés, notamment dans un contexte d’optimisme grandissant sur un accord qui serait trouvé avec la Russie sur un prolongement du corridor », souligne Agritel dans sa note quotidienne.

Le mercredi 10 mai 2023 sur Euronext, la tonne de blé a clôturé à 232,25 euros sur l’échéance de septembre (–1,75 euro par rapport à la clôture précédente) et à 236,50 euros sur celle de décembre (–1,50 euro). La tonne de maïs terminait la séance en hausse à 227,75 euros (–0,50 euro) sur l’échéance de juin et de même sur l’échéance d’août, à 225,25 euros (–0,50 euro).

Ce jeudi 11 mai 2023, vers 11h00 sur Euronext, la tonne de blé reculait à nouveau, de 1 euro sur l’échéance de septembre, à 231,25 euros, et de 0,75 euro sur l’échéance de décembre, à 237,25 euros. La tonne de maïs était, quant à elle, en recul de 0,50 euro sur l’échéance de juin, à 227,25 euros, et perdait 0,75 euro sur celle d’août, à 224,50 euros.

Offre abondante russe

« Le marché s’essouffle complètement. C’est traditionnellement une période calme, en attendant les nouvelles récoltes de l’hémisphère Nord. Les prix continuent de se replier parce qu’il y a une offre abondante de blé russe », commente Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel. Le monde est « moins inquiet » de la guerre, car les conditions de cultures sont actuellement bonnes en Europe et « les marchés sont plus obnubilés par l’inflation (qui pèse sur la consommation, NDLR) et la baisse des taux d’intérêt » que par le devenir du corridor ukrainien, souligne-t-il.

À cela, il faut ajouter des conditions climatiques globalement favorables pour une récolte prometteuse d’un point de vue quantitatif en Europe, à la faveur des récentes précipitations. Les aspects qualitatifs ne peuvent encore être anticipés, même si des craintes peuvent rapidement surgir en cas de poursuite des précipitations dans les semaines à venir.

El Niño attendu

À la Bourse de Chicago, la baisse était aussi sensible en blé (–2 cents par boisseau). En revanche, le maïs progressait de 9 cents.

Les météorologistes confirment le passage à El Niño dans les semaines à venir. « Cela conduirait à une nette baisse de la production en Australie en fin d’année, et à une hausse en Argentine, estime le cabinet de conseil. Le déficit hydrique se concentrerait alors sur l’Australie et les précipitations plus nombreuses sur le continent sud-américain. »

Selon la Commission européenne, les exportations de blé tendre s’affichent au 7 mai à 26,49 millions de tonnes contre 23,87 l’an passé à date. En orges, les exportations sont estimées à ce jour à 5,45 millions de tonnes, en repli par rapport à l’an passé à 6,72 millions. Les importations de maïs sont par contre en nette progression à 23,22 millions de tonnes, contre 13,89 l’an passé.

« Sur la scène internationale, l’Algérie aurait acheté autour de 600 000 t de blé cette semaine origines optionnelles. Ces dernières pourraient être partagées entre la Russie et les autres pays européens, principalement la France », informe Agritel.

Discussions sur le corridor

À huit jours de la fin de l’actuel accord pour ce corridor maritime, signé en juillet 2022 par la Russie et l’Ukraine sous l’égide de la Turquie et de l’ONU, les discussions, qui reprenaient ce mercredi 10 mai 2023 en Turquie, s’annoncent tendues. L’ouverture de ce couloir maritime, le 1er août 2022, a permis de sortir près de 30 millions de tonnes de produits agricoles d’Ukraine, à destination de la Chine, de la Turquie, de l’Union européenne mais aussi de pays fragiles et très dépendants des importations de la mer Noire, comme l’Egypte, la Tunisie, le Bangladesh ou le Yémen.

Sur le terrain, les inspections de navires dans le Bosphore — supervisées par le Centre de coordination conjoint basé à Istanbul — ont nettement ralenti depuis le mois d’avril, s’arrêtant même pendant deux jours cette semaine en l’absence des inspecteurs russes. « Il y a une forme de pression liée aux inspections, qui accompagne des discussions difficiles. Mais si la situation est très différente de celle de l’an dernier à la même période parce que l’Ukraine a déjà exporté beaucoup », souligne Damien Vercambre, de la maison de courtage Inter-Courtage.

Plusieurs analystes, européens comme américains, pensent désormais possible un arrêt du corridor, mais estiment que son effet sur les marchés serait atténué par une offre céréalière abondante, et du fait de la capacité de l’Ukraine à exporter via des « corridors de solidarité » européens, en dépit des protestations récentes de pays comme la Pologne ou la Roumanie.

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