« Nous avons gagné 45 minutes par jour en paillant avec un chariot élévateur »

C’est pour aider son père Jean-Paul et son frère Franck que David Richard, mécanicien en poids-lourd, a adapté une dérouleuse-pailleuse à un chariot élévateur. L’exploitation familiale est installée sur la commune de Willer, dans le Haut-Rhin. Cette ferme de polyculture-élevage comprend des vaches laitières et 60 hectares, dont 22 sont affectés aux cultures et le reste au pâturage. La production laitière atteint 654 000 litres par an. « Les bâtiments de la ferme ne sont pas récents, l’un d’eux est particulièrement étroit et le couloir entre les logettes n’offre pas la possibilité de mécaniser le paillage. C’est pourquoi nous appliquions la paille à la main avant d’avoir la pailleuse Suire et le chariot élévateur Komatsu », explique Jean-Paul.

Choisir le bon chariot élévateur

« Avant de nous tourner vers le chariot élévateur, nous comptions acheter un petit valet de ferme, mais certaines machines restaient trop larges ou trop légères pour accueillir la dérouleuse-pailleuse et une balle. De plus, le rapport coût/temps d’utilisation ne nous incitait pas à faire un gros investissement. Nous avons donc renoncé à cette option. Nous sommes alors partis sur un chariot élévateur, car ces machines ont l’avantage d’être compactes tout en étant capables de porter de fortes charges. Nous avons acheté un chariot élévateur Komatsu ayant 2,5 tonnes de capacité de charge ainsi qu’une dérouleuse-pailleuse capable d’accueillir des balles de 1,70 m de diamètre », raconte David.

Peu de modifications sur le chariot

« Pour monter la dérouleuse-pailleuse sur le chariot élévateur, j’ai dû effectuer quelques modifications sur ce dernier. Par exemple, afin de rapprocher la masse de la dérouleuse du centre de gravité du chariot, j’ai démonté toutes les parties mécaniques qui servent au déport latéral. J’en ai aussi profité pour brancher l’hydraulique de la dérouleuse-pailleuse sur cette même fonction, via des prises push-pull. Comme ça, en cas de besoin, je n’ai qu’à les débrancher et poser l’outil pour que le chariot retrouve sa fonction première. » Tout est piloté directement depuis le poste de conduite grâce à la manette d’origine. La sélection des fonctions reste, quant à elle, sur le bloc de distributeurs d’origine de la dérouleuse-pailleuse. Pour changer de fonction à entraîner, il suffit de couper l’hydraulique et d’actionner le distributeur de la dérouleuse. Le débit hydraulique est de 50 l/min lorsque la machine est à fond, mais seul un débit de 25-30 l/min suffit pour entraîner l’outil, selon David. D’ailleurs, la capacité hydraulique était un des critères de choix pour le chariot, se souvient le mécanicien.

Adapter la dérouleuse-pailleuse

« Au moment de monter la pailleuse sur les fourches du chariot, j’ai dû couper deux des quatre patins sur lesquelles elle repose, car ils gênaient. En effet, lorsque les lames de la fourche étaient enfoncées à fond, l’outil ne venait pas contre le tablier et donc il y avait un léger décalage de la masse de l’outil. Une fois bien installé, j’ai bridé la pailleuse contre le tablier du chariot avec deux grosses chaînes qui proviennent d’un vieil épandeur. » Le mécanicien a également fait quelques autres modifications. Il a monté une tôle sous les peignes pour éviter que la paille tombe au pied du chariot. Il a aussi installé une casquette en tôle réglable au-dessus. Une sangle est également présente à l’arrière de la dérouleuse pour éviter que la paille ne tombe entre le chariot élévateur et la dérouleuse-pailleuse. « J’ai dû démonter le toit de la cabine, car à chaque fois que le conducteur souhaite changer la fonction hydraulique, il devait se lever pour atteindre les leviers de commande. Il arrivait donc à mon frère de se cogner », révèle David.